« NOTRE SENTIMENT est que si ce plan est mis en œuvre, il constituera un vrai progrès », souligne au « Quotidien » le Pr Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations du Haut conseil de la santé publique (HCSP). En mars dernier, le HCSP a été saisi pour avis sur le « Programme national d’amélioration de la politique vaccinale 2012-2017 » élaboré par la Direction générale de la santé pour améliorer la protection vaccinale en France. Alors qu’il vient de rendre son avis, c’est au tour de la Conférence nationale de la santé d’examiner le document. Forte de ces remarques, la DGS devrait ensuite le rendre public « le plus rapidement possible », espère le Pr Daniel Floret. « Nous y avons beaucoup travaillé », concède-t-il.
D’une manière générale, le HCSP a jugé ce plan « de manière très positive » tout en y apportant des remarques complémentaires, notamment sur les modalités d’acquisition et de fourniture des vaccins et sur le financement des études permettant de valider les stratégies vaccinales. Si « tous les points sont importants », un certain nombre de mesures demanderont toutefois un délai supplémentaire pour être mises en place. Ainsi, la problématique de l’obligation vaccinale doit être repensée car l’existence de deux différents niveaux « dévalorise l’image des vaccinations recommandées par rapport aux vaccinations obligatoires, alors que cette gradation dans les critères de définition actuels ne présente plus de justification en matière de santé publique ». « Mais cela ne se fera pas d’un claquement de doigt », reconnaît le Pr Floret.
Une conférence citoyenne.
Le HCSP recommande la tenue (rapide) d’une conférence citoyenne, en aval d’une réflexion institutionnelle, avec tous les acteurs, y compris « les organisations militant contre la vaccination ou certains de ses aspects ». Le HCSP n’écarte pas l’idée d’une « levée des obligations vaccinales actuelles en population générale ». Parallèlement, il propose d’attribuer un statut juridique aux recommandations vaccinales « afin que "recommandé ne soit plus traduit par "pas important" ».
En ce sens, la gratuité des vaccins recommandés « serait un signal fort d’engagement de l’État », soutient Daniel Floret qui estime nécessaire de changer de système d’approvisionnement, actuellement trop onéreux. Dans certains pays comme au Royaume-Uni, c’est l’État qui achète les vaccins et les rétrocède gratuitement à la population. Cette modalité permet d’obtenir des laboratoires des réductions de prix « parfois considérables ».
En France, environ 85 % des vaccins sont réalisés en secteur libéral. « Si on maintient ce système, il faut que les médecins aient conscience de leur rôle en santé publique. Toutes les enquêtes le montrent, l’avis du médecin traitant en matière de vaccination est essentiel. Il faut une très forte implication de leur part », insiste le Pr Floret. Le HCSP souhaite que l’enseignement sur la prévention et la place de la vaccination soit renforcé, au cours des études médicales et pendant la formation continue.
Dans les écoles.
Il faut simplifier le parcours vaccinal en médecine libérale mais également l’étendre aux professions et aux structures habilitées à pratiquer la vaccination, en s’appuyant notamment sur les Agences régionales de santé. La vaccination contre l’hépatite B dans les établissements scolaires « avait permis d’obtenir une couverture vaccinale élevée », rappelle le HCSP. Interrompue du fait des polémiques sur cette vaccination, cette activité doit être à nouveau « envisagée ». L’éducation nationale, l’université, le milieu du travail sont de « bons sites d’intervention ». Cette réflexion doit être précédée d’une phase de concertation, assure le HCSP. La vaccination dans les collectivités de vie serait de plus un moyen de « corriger en tout ou partie des inégalités sociales de santé ».
Certaines mesures sont déjà en cours de développement comme la simplification du calendrier vaccinal qui doit être mise en place en 2013. Un avis du Comité technique des vaccinations sera prochainement proposé. « Une étude d’acceptabilité a été réalisée auprès des médecins libéraux et il s’avère qu’elle donne des résultats très positifs », se félicite le HCSP. Sur le fond, le nouveau calendrier comportera une réduction du nombre de doses de vaccins administrés chez les nourrissons, et « un passage d’une logique de rappel décennal chez l’adulte à des rappels à âge fixe, plus facilement mémorisables ».
Pour les adultes, dont la majorité ignore leur statut vaccinal, « un outil partagé avec les professionnels de santé apparaît aujourd’hui, dans le contexte du développement du dossier médical personnel, hautement souhaitable et tout à fait réalisable ». Le carnet de vaccination électronique est un des projets « les plus prometteurs et les plus avancés en France pour répondre à ce besoin », indique le HCSP qui reprend également l’idée d’un « refus éclairé » signé par le patient ou les parents d’un enfant au cours d’une consultation médicale.
Pour le HCSP, l’amélioration de la couverture vaccinale passe également par « une meilleure transparence sur le profil de sécurité d’emploi mais également sur la balance bénéfice-risque des vaccins ». Or, les recommandations vaccinales peuvent, dans certains cas, être fondées sur des niveaux de preuve qui ne sont pas « optimaux ». À ce titre, ajoute le HCSP, « il serait souhaitable de disposer d’un budget pour permettre la mise en œuvre d’études visant à tester et à valider des stratégies vaccinales pour lesquelles les données disponibles sont considérées comme insuffisantes ». Une saisine de la DGS relative à la recherche en vaccinologie a été adressée au HCSP. La réponse est en cours de rédaction.
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