D’UNE PART, M. Abbas ne pouvait s’acheminer vers la création de l’Etat sans former un gouvernement d’union nationale contenant les principales composantes palestiniennes ; d’autre part, la présence du Hamas dans les rangs de ce gouvernement ne peut que durcir ses prises de position. M. Abbas n’a probablement pas accompli cette démarche de gaieté de cœur. Il n’a aucune affinité avec le Hamas auquel le Fatah s’est souvent opposé au cour d’incidents d’une violence extrême qui ont failli se terminer en guerre civile et se sont soldés par la mainmise du Hamas sur Gaza, qui en a fait une base d’agression contre Israël. Alors que, sous la houlette du Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, la Cisjordanie a choisi la non violence et le développement économique. Mais le président de l’Autorité a été poussé dans ses retranchements par l’intransigeance du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui rejette toute négociation de paix sur la base des frontières d’avant juin 1967.
Le point de vue américain.
M. Netanyahou voit venir le moment de vérité et a parcouru l’Europe pour défendre son point de vue. Nicolas Sarkozy, qui se déclare volontiers ami d’Israël, n’en est pas moins hostile aux positions diplomatiques israéliennes, et les autres grands États européens, de l’Allemagne au Royaume-Uni en passant par l’Italie partagent le point de vue français. Celui des États-Unis est beaucoup moins clair. Pour le moment, ils ne sont pas favorables à une proclamation unilatérale de l’État palestinien avalisée par l’ONU. M. Abbas estime qu’il pourrait obtenir l’aval de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre si les Américains opposent leur veto au Conseil de sécurité. À quoi il est utile d’ajouter que, en période électorale, il est fort peu probable que Barack Obama prenne le risque d’indisposer la communauté juive américaine.
UN ÉTAT PALESTINIEN NOYAUTÉ PAR LE HAMAS RELANCERAIT LA VIOLENCE
La stratégie de Mahmoud Abbas n’est pas sans risques pour lui personnellement, pour les Palestiniens modérés, et pour le statu quo qui tient lieu de paix pour le moment. La réconcliation palestinienne était souhaitée par la plupart des chancelleries occidentales, mais dans le sens de la modération. Or M. Abbas a dû s’entendre avec des hommes du Hamas, dont Khaled Mechaal, son chef suprême qui vit à Damas et a juré de reconquérir la totalité du territoire israélien, et Ismaïl Haniyeh, Premier ministre Hamas à Gaza, dont le premier réflexe, quand il a appris la mort de Ben Laden, a été de louer ce « grand résistant et martyr » de la cause musulmane et arabe. Personne n’a réagi, au Caire, à cette fausse note en se bouchant les oreilles. Il n’empêche qu’on est en droit de craindre qu’en s’associant au Hamas l’Autorité palestinienne bascule à son tour dans la violence, ce qui permettra à M. Netanyahou de dire au monde que, décidément, on ne peut pas négocier avec les Palestiniens.
Heureusement, des voix s’élèvent en Israël pour dénoncer l’immobilisme du gouvernement. Vendredi dernier, l’ancien général Shaul Mofaz, a souligné qu’Israël perdait un temps précieux et qu’une initiative de paix devenait urgente. M. Netanyahou a promis qu’il proposerait un plan le mois prochain. Il est fort peu probable qu’il présente un projet susceptible d’arracher les diplomaties occidentales et a fortiori arabes à leur scepticisme. Pour que les Israéliens prennent à revers la démarche de M. Abbas, il faudrait que change leur coalition gouvernementale, composée de partis hostiles à toute restitution de territoire, et que M. Netanyahou accepte de reprendre alors la négociation sur la base des accords non signés de Taba, en 2000, qui prévoyaient la fin de la colonisation, l’installation de la capitale palestinienne dans l’Est de Jérusalem et offraient aux Palestiniens 97 % des territoires qu’ils réclamaient.
Dix-huit ans de perdus.
L’histoire de ces 18 dernières années, depuis les accords d’Oslo en 1993 et leur célébration à Washington sous l’égide de Bill Clinton, a été réécrite cent fois. Nous pensons pour notre part que Yasser Arafat, qui craignait d’être voué aux gémonies par l’opinion arabe, et même d’être assassiné, a manqué en 2000 une occasion historique qui ne s’est plus présentée depuis. En effet, le successeur de M. Clinton, George W. Bush, a exigé des élections libres palestiniennes ; elles se sont traduites par la victoire du Hamas et une recrudescence de la violence. Cette violence devient affreusement anachronique. M. Abbas et M. Fayyad le savent. Mais Israël a commis l’erreur de ne pas encourager leur choix du développement pacifique, de ne pas avoir reconnu la lutte qu’ils ont menée contre le Hamas ces dernières années, et de ne ne relâcher qu’avec parcimonie les allègements du système de sécurité qui contrôle la Cisjordanie.
On ne saurait néanmoins accorder le moindre crédit politique au Hamas, ni avoir la naïveté de croire qu’il va se fondre dans la mouvance du Fatah, ni imaginer qu’il va céder à M. Abbas la moindre parcelle de pouvoir, ni supposer qu’il mettra un terme à son projet insensé d’élimination de l’État juif. La lucidité incite à dire que l’État palestinien sera créé parce que le monde entier sait où il se situe géographiquement et que, le printemps arabe étant ce qu’il est, il y a encore moins de raison que naguère que les Palestiniens ne soient pas libres et indépendants. Mais un État, c’est une responsabilité que n’ont pas des terroristes ; c’est un entité politique qui, si elle ne trouve pas les voies et moyens de la paix avec les Israéliens, y compris les faucons, se retrouvera dans un rapport de force défavorable face à Israël.
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