La Tunisie vient de fêter le troisième anniversaire de sa révolution, qui a lancé le mouvement général de ce que l’on a appelé le printemps arabe. Elle a eu sa part de soubresauts graves, émeutes, actes de terrorisme, deux assassinats politiques, elle a plongé dans une crise économique très sérieuse, mais la détermination des laïcs à sauver les libertés fondamentales a fini par payer. Elle peut repartir d’un bon pied, d’autant que les non-islamistes ont compris un point essentiel : ils ne peuvent pas éliminer Ennahda, soutenu par une forte partie de la population et, en conséquence, ils préfèrent s’associer à ce parti.
Une partie du chemin.
Cette attitude contient des risques ultérieurs, même si l’on doit reconnaître que Ennahda, confrontée à sa propre incompétence pour ce qui est de la gestion des affaires du pays, et consciente de son impopularité extrême chez les laïcs et la gauche, a accompli une bonne partie du chemin. Elle a beaucoup hésité, s’est cramponnée au pouvoir pendant de longs mois en pratiquant la procrastination, mais elle a fini par lâcher prise. Et, si elle l’a fait, ce n’est probablement pas pour revenir en force ultérieurement, avec un agenda opposé à celui qui vient d’être adopté. Précurseur du printemps arabe, la Tunisie a essaimé dans l’ensemble du monde arabe, de sorte que, aujourd’hui encore, elle offre un exemple à d’autres pays du Moyen-Orient. Car elle a fait exactement le contraire de ce qu’a fait l’Égypte, dont les laïcs ont obtenu l’arrestation du président islamiste Mohamed Morsi par les militaires, lesquels ont de nouveau repris les rênes de l’État, ce qui revient, en somme, au statu quo ante. Or les Frères musulmans constituent en Égypte une force avec laquelle tout pouvoir doit compter. L’homme fort de l’Égypte, le général Abdel Fattah Al Sissi, espère, pour sa part, réprimer les Frères musulmans par tous les moyens dont il dispose et, ce faisant, il ne laisse pas beaucoup de place à l’instauration d’un système démocratique ou parlementaire où les libertés essentielles seraient assurées. L’identification des Frères à de simples terroristes (évidemment, l’immense majorité des islamistes ne l’est pas) empêche le retour à la stabilité et la constitution d’un gouvernement capable de gérer une économie qui va très mal. Le procès de l’ex-président Morsi, qui a commencé mais est suspendu, ne fera qu’accentuer le fossé entre les islamistes et les laïcs, lesquels, pour le moment, semblent préférer la présence des militaires au pouvoir à un compromis avec les islamistes.
Or ils ne doivent pas oublier qu’ils se sont soulevés il y a trois ans contre une dictature militaire et que, pour échapper à l’islamisme, ils reviennent à 2011 en se contentant d’un remplacement de Moubarak par Al Sissi. Ils feraient mieux de s’inspirer du modèle tunisien et considérer que le pire qui puisse arriver à un pays, c’est une révolution interminable.
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