LE PROCÈS au pénal, lié à l’affaire de la pollution à la dioxine issue de l’incinérateur de déchets de Gilly-sur-Isère (Savoie), s’ouvre pour deux jours à Albertville. Claire Breche, riveraine et ex-partie civile victime d’un cancer du sein en 1996 n’en attend rien : « C’est le pot de terre contre le pot de fer ».
L’histoire a débuté en octobre 2001 par la fermeture administrative de l’incinérateur de Gilly-sur-Isère (démantelé en 2008) à la suite de mesures de taux anormalement élevés de dioxine, dépassant parfois jusqu’à 750 fois le maximum autorisé. Environ 7 000 bêtes, essentiellement des vaches, avaient été abattues et plus de deux millions de litres de lait et 24 tonnes de produits laitiers avaient été détruits en raison des risques de contamination humaine. En mars 2002, une plainte avait été déposée par près de 200 riverains qui affirmaient que les rejets nocifs de l’incinérateur avaient provoqué une augmentation de cancers. Une information judiciaire pour « homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui » avait été ouverte. La juge Hélène Lastera avait mis en examen deux préfets, mais ces procédures avaient ensuite été annulées faute, notamment, de charges suffisantes.
Les expertises, qui n’ont démontré aucun lien de causalité certain entre la pollution à la dioxine et les cancers, ainsi qu’une étude concluant à l’absence d’augmentation significative de cancers, ont juridiquement minimisé l’affaire. Seul l’exploitant, Novergie Centre-Est, filiale de Suez-Environnement, sera finalement jugé en tant que personne morale pour non-respect des normes environnementales, au côté d’un ex-directeur. Les riverains ont été déboutés de leur constitution de parties civiles. Six associations et syndicat les représenteront à l’audience. S’estimant privées d’un « vrai procès », les parties civiles ont néanmoins fait citer comme témoins les anciennes ministres de l’Environnement Corinne Lepage (1995-1997) et Dominique Voynet (1997-2000), qui avaient à l’époque mis en garde les préfets sur la nécessité de respecter les normes européennes d’émission de dioxine. L’avocat des parties civiles, Me Thierry Billet, a également fait citer comme prévenus un ancien préfet de Savoie, Pierre-Étienne Bisch (1996-1999) ainsi qu’Albert Gibello, ex-président du syndicat intercommunal propriétaire de l’incinérateur et ancien maire d’Albertville, mis hors de cause. Le tribunal décidera, à l’ouverture de l’audience, de la recevabilité de cette demande qui vise, selon l’avocat, à aborder le fond du dossier faute de pouvoir déterminer les vraies responsabilités de ce « scandale ».
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