Après la passe d'armes qui a opposé au début de semaine, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot et celui de l'Agriculture Stéphane Travert sur l'interdiction des néonicotinoïdes, le Réseau environnement santé (RES) salue « la position ferme du gouvernement » et appelle à une grande loi sur la santé environnementale.
Ces pesticides représentent certes un danger pour les abeilles, « mais plus largement pour la santé humaine », souligne le RES. C'est aussi la position adoptée par Nicolas Hulot face son homologue de l'Agriculture qui expliquait que les dispositions de la loi sur la biodiversité de 2016 interdisant les néonicotinoïdes n'étaient pas conformes au droit européen, allant beaucoup plus loin en la matière que le règlement européen. La loi prévoit l'interdiction de cette catégorie de pesticides dès le 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles jusqu'au 1er juillet 2020, au cas par cas, quand il n'y a pas d'alternative à court terme.
Un arbitrage du Premier ministre
Réagissant immédiatement aux propos de Stéphane Travert, Nicolas Hulot indiquait : « Dès lors que la santé est mise en cause, je ne veux faire aucune concession. » Une position finalement soutenue par le Premier ministre Edouard Philippe qui, quelques heures plus tard, tranchait : « Dans le cadre des discussions sur le projet de loi "Droit à l’erreur", le gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions de la loi de 2016. Cet arbitrage a été pris à l'occasion d'une réunion tenue à Matignon le 21 juin. » Le communiqué précisait : « Un travail est en cours avec les autorités européennes. »
Les associations qui avaient très rapidement fait part de leur inquiétude, se sont félicitées de l'issue de cette séquence. Générations futures rappelait que le retour des néonicotinoïdes serait intervenu… alors même que l’Union européenne s’apprête à suivre l’exemple français et à interdire les 3 principaux néonicotinoïdes (clothianidine, thiametoxame et imidaclopride) et que la position française est considérée comme « un pas dans la bonne direction ».
Échéance européenne du 4 juillet
Le Réseau environnement santé rappelle, pour sa part, l'échéance du 4 juillet, date à laquelle doit se réunir la Commission européenne pour définir les perturbateurs endocriniens. « La France a réussi à ce jour à bloquer les projets de la Commission européenne qui visent à considérer les perturbateurs endocriniens comme étant des substances chimiques comme les autres. La dernière proposition en discussion le 4 juillet est de faire une exemption pour les pesticides agissant sur les plantes selon ce mécanisme d’action. Cette proposition ne correspond pas aux données de la science, car il est de plus en plus évident que ce qui impacte la santé de l’écosystème impacte aussi la santé humaine », souligne le RES. La France devrait s'opposer à cette proposition comme l’a déjà indiqué Nicolas Hulot.
Épidémie de maladies chroniques
Le RES souhaite aller plus loin pour et estime que la santé environnementale doit devenir le 2e axe d'une politique de santé au même titre que la politique de soins. La France doit, selon l'association, s'engager sur les objectifs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui visent à réduire d’ici à 2025, la mortalité pour les 4 grandes maladies chroniques (cardio-vasculaires, cancers, respiratoires chroniques, diabète) et à arrêter l’épidémie d’obésité et de diabète. « On n’arrêtera pas l’épidémie de maladies chroniques sans s’attaquer à ses causes, qui sont largement environnementales », explique André Cicolella, président du RES. Le Réseau réaffirme sa demande d'une grande loi de santé environnementale et d’un Grenelle de la santé environnementale pour débattre avec la société civile.
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