LE SOCIAL va peser sur la campagne, comme en témoignent la liquidation de SeaFrance et les affres de Pétroplus. Les fermetures d’usine se multiplient, le nombre des chômeurs augmente de façon alarmante. C’est la conséquence directe des deux coups très rudes que nous ont portés les crises de 2008 et de 2011. Les élections présidentielle et législatives se dérouleront donc dans un climat social tendu auquel personne, ni le gouvernement actuel, ni la gauche qui aspire à le remplacer, ne peut apporter de remède immédiat. L’espoir ne viendra que de la croissance. Elle ne sera pas au rendez-vous cet hiver. Il est dans l’ordre des choses que les électeurs rejettent un pouvoir qui n’a pu qu’accompagner cette double crise ou en atténuer très partiellement les conséquences. Il est logique que la classe ouvrière et la classe moyenne songent à changer de dirigeants avec l’espoir qu’un autre système de gestion allège leur fardeau. Mais personne n’ignore que la thérapie n’est pas instantanée, qu’elle exige de profondes réformes structurelles, que réindustrialiser la France est un beau slogan applicable seulement dans la durée.
Du Fouquet’s au RSA.
Le gouvernement s’efforce de dresser des pare-feux immédiats, par exemple dans l’affaire SeaFrance, tout en mettant en œuvre, dans la hâte dictée par les échéances, des dispositions, comme la TVA sociale, destinées à rendre notre industrie plus compétitive. Il ne saurait cependant échapper à son bilan qui, certes, comprend de puissantes avancées réformistes, par exemple les retraites, mais aussi une dégradation sensible de l’emploi. En même temps, et c’est très précisément ce qui introduit un élément passionnel dans la campagne, la gauche rejette les instruments choisis par le pouvoir pour lutter contre la crise. Elle propose à l’électorat une réforme fiscale approfondie, elle combat la TVA sociale, elle veut augmenter les impôts pour les foyers les plus aisés, elle va amender la réforme des retraites, ce qui risque d’avoir des conséquences économiques négatives. Elle récuse non seulement ce que Nicolas Sarkozy a fait jusqu’à présent mais ce qu’il continue à faire pour combattre les effets délétères de la crise.
LES CRISES DE 2008 ET DE 2011 ONT CREUSÉ LE FOSSÉ DROITE-GAUCHE
Contrairement à la réputation que la gauche veut lui faire, M. Sarkozy n’est pas un libéral invétéré. Il dénonce avec vigueur le rôle des financiers et des banquiers dans la crise ; il s’engage pour la taxe sur les transactions financières ; il réclame une plus grande régulation des flux de capitaux ; il s’insurge contre la capitalisme financier qui ne crée pas de richesses. Il a même cru, pendant la première moitié de son mandat, que l’intervention de l’État dans des affaires qui traduisaient une forme de délinquance financière était utile. Les Français n’ont cessé de lui reprocher sa fameuse soirée au Fouquet’s le 6 mai 2007 et les amitiés qu’il cultive parmi les capitaines d’industrie. Cela ne l’a pas empêché de se dresser contre la finance internationale.
M. Hollande, de son côté, tire de la violence de la crise la conviction que l’État ne peut plus permettre les désordres qu’engendre le laxisme des marchés. Il a clairement choisi son camp en décidant de taxer ceux qui, manifestement, ne voteront pas à gauche au printemps prochain. Et, de la même manière, si M. Sarkozy cherche encore à récupérer une partie du vote ouvrier qui va à Marine Le Pen, il a complètement abandonné l’idée d’ouverture qui semblait si séduisante en 2007 mais n’aura été qu’une farce en définitive, si l’on excepte le RSA de Martin Hirsch. Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, continue à combattre l’immigration clandestine et d’aligner les chiffres relatifs aux personnes expulsées. Il continue de se présenter comme le champion de la lutte contre l’insécurité même si les résultats de la politique répressive ne sont pas probants, à Marseille par exemple. Fin de l’ouverture, politique économique reposant encore sur l’économie de marché, concurrence ardente avec le FN, voilà un pouvoir fortement marqué à droite. Réforme fiscale destinée à faire rendre gorge aux riches et aux foyers aisés, politiques de sécurité et de l’immigration pour le moment très obscures, indifférence relative ou mutisme au sujet de la dette et des déficits, voilà une opposition qui, en faisant du social le pivot de son programme, se marque un peu plus à gauche.
À n’en pas douter, François Bayrou récupérera les suffrages de ceux que rebute le durcissement du conservatisme de M. Sarkozy. Toutefois, le président dispose d’un avantage : quoi que l’on pense de lui, il a administré la preuve de son dynamisme et de sa capacité à gérer le danger. Avec quelqu’un qui n’a pas encore gouverné, ce serait, pour les électeurs centristes, un saut dans l’inconnu.
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