EN 2009, PRÈS d’un accident de la route sur dix survenu en France pourrait être associé à l’utilisation du téléphone portable au volant, « soit plus de 7 230 accidents corporels », souligne une expertise collective menée par l’INSERM et l’IFSTTAR*. En France, « près de la moitié des conducteurs utilisent un téléphone en conduisant ». Essentiellement les jeunes, les hommes et les usagers de la route à titre professionnel. Cette pratique multiplierait par 3 le risque d’accident. « Des chercheurs ont observé que les conducteurs effectuent un nombre plus élevé de freinages brusques lorsqu’ils sont engagés dans une conversation téléphonique ». Par exemple, « pour un arrêt à un feu rouge, le conducteur distrait appuie plus tard mais plus fort sur la pédale de frein pour compenser une réponse tardive ».
La même distraction.
Bien qu’interdit par le Code de la route, « le téléphone tenu manuellement représenterait encore « plus de 40 % de l’utilisation du téléphone en conduisant », indique l’étude présentée le 6 mai. Pour échapper à l’amende forfaitaire (35 euros et deux points en moins sur le permis), une majorité de conducteurs opte pour la solution du kit mains libres, tolérée par le Code de la route. Par ce biais, ces derniers estiment réduire parallèlement le facteur de risque accidentogène lié l’usage de téléphone portable en véhicule. Or, il n’en est rien. « Parce que le kit mains libres n’est pas interdit, beaucoup s’imaginent que le danger réside dans la manipulation physique du téléphone (…) alors que la menace vient de la captation de son attention », indiquent les experts. Le kit mains libres entraîne « quasiment le même niveau de distraction » que l’usage manuel du téléphone cellulaire. « Au-delà de la mobilisation physique du conducteur (motrice et visuelle), téléphoner introduit une forte charge mentale supplémentaire et réduit gravement les ressources intentionnelles indispensables pour conduire », expliquent-ils.
Avec ou sans les mains, « le conducteur qui téléphone est tout juste capable d’assurer en parallèle les tâches de conduite routinières, comme s’il se mettait en pilotage automatique ». Les experts constatent par ailleurs que, « progressivement, la téléphonie vocale recule au profit d’usages tactiles et visuels du téléphone ». Échanges de SMS, consultation d’Internet et d’applications sur Smartphones, ces pratiques sollicitent encore davantage les capacités d’attention du conducteur. Bien que potentiellement puni d’une amende forfaitaire de 135 euros, « le pianotage gagne du terrain », note le rapport.
En conclusion, les experts recommandent aux pouvoirs publics de réfléchir à des évolutions réglementaires concernant les différents usages du téléphone au volant, tout en développant les avertissements sur les risques de ces pratiques.
* Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux.
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