FRANÇOIS HOLLANDE a tout son temps. S’il lui arrive d’être en retard à des réunions importantes, ce peut être à cause de la foudre qui oblige son avion à rebrousser chemin, mais c’est aussi parce que, à l’occasion de chacun de ses déplacements, il prend le temps de s’arrêter pour parler aux gens. Tout nouveau président est populaire et Nicolas Sarkozy lui-même, après son élection en 2007, a bénéficié de l’adoration des foules. Mais, bien qu’il se soit efforcé de se rapprocher, dans diverses circonstances, des Français, il n’avait pas, dans ses dialogues impromptus avec les gens qui l’acclamaient, le naturel de M. Hollande. Lequel cultive avec un art consommé sa relation avec l’électorat. Il tente de démontrer, et le plus souvent avec succès, que sa proximité avec le commun des mortels est plus importante, à ses yeux, que le sommet auquel il doit assister, que l’écoute des doléances est plus utile qu’une action politique dont les effets seront forcément mitigés, que cette manière de s’adresser à chacun engage aussitôt un rapport bilatéral exclusif qui fait que son interlocteur se sent détenteur à vie d’une sorte de privilège personnel.
Une simplicité calculée.
« Président de tous », il l’est assurément, même s’il ne rencontre dans la rue que ceux qui ont envie de se joindre à lui, de lui parler, de l’entendre et même de le toucher. Ce sont, forcément, ses électeurs, quoique, quand on y pense, ceux qui n’ont pas voté pour lui, puissent tout aussi bien le découvrir et l’apprécier. Le président Hollande est simple. Il l’est bien sûr parce qu’il veut l’être, qu’il y met un peu d’acharnement et qu’il entend augmenter sa popularité, peut-être pour sceller son mandat et préparer le suivant. Mais comment ne pas reconnaître que le rôle lui va comme un gant et qu’un président affable, souriant, calme jusqu’à l’excès rassure le peuple tourmenté par la crise ? Beaucoup de ses conseillers lui ont recommandé d’abandonner ses bons mots et son humour, qu’ils considèrent comme une faiblesse dangereuse dans une époque où les gens souffrent. Ils ont tort. Barack Obama ne manque jamais de raconter une blague quand il en a l’occasion ni de se livrer au succulent exercice de l’autodérision. M. Hollande a évité de trop plaisanter pendant la campagne. Maintenant qu’il a gagné, le voilà en train de deviser avec les gens et de sourire, en allant parfois jusqu’à dire que, tant que les gens le trouvent sympathique, ce qu’il est, il ne va pas se priver de bavarder avec eux et qu’il sera toujours temps d’éviter les rencontres avec le peuple quand celui sera déçu.
UNE PRÉSIDENCE DE LA PROXIMITÉ
Bien entendu, le contact avec la foule, que M. Hollande pratique si aisément, résulte aussi d’une tactique, ou même d’une stratégie, très élaborée. Le maître-mot de ce gouvernement étant déontologie, les ministres sont forcés de prendre le train à la place de l’avion. M. Hollande s’est rendu à Bruxelles par le train et en est revenu en voiture. Cela coûte à peine moins cher, mais cela en fait un citoyen comme les autres, qui ne doit pas oublier de composter son billet. Au pied de la marche de son wagon, le voici en train de dire qu’il a encore quelques minutes avant le départ, ce qui lui permet de prolonger la conversation. Ce n’est plus le président, c’est M. Hollande qui part en goguette. À Bruxelles, il aura été le premier chef d’État à s’être plaint de la longueur d’un dîner pendant lequel chacun des représentants des 27 pays de l’Union européenne a prononcé un discours. Le champion de la collégialité en découvrait les labyrinthes inexplorables. On le plaindrait presque et les gens, devant leur téléviseur, auront pensé que, décidément, cette bureaucratie européenne échappe à tout contrôle.
Quoi que l’on pense du programme du président Hollande et Dieu sait qu’il prête le flanc à la critique, son comportement de président qui ne serait pas tout à fait sûr qu’il l’est ou qui croit rêver et poursuit son rêve en poursuivant ses déambulations éloquentes au cœur de la France profonde, achève d’enterrer la sarkozyie. Quand la droite renaîtra de ses cendres, elle devra se donner un chef capable de se dépouiller de son autorité, de ses privilèges et même de son droit à la sécurité s’il veut poursuivre, avec les Français, ce dialogue d’une belle simplicité.
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