La vaccination anti-grippale des professionnels en question

L’effet de groupe pour remonter les taux de couverture

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Publié le 13/10/2016
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VACCIN GRIPPE

VACCIN GRIPPE
Crédit photo : PHANIE

Derrière la moyenne de 55 % de médecins vaccinés mise en évidence dans les récentes enquêtes, des disparités, évidemment mais qui reste peu mesurables et mesurées en pratique.

À l’occasion d’une table ronde sur la vaccination des professionnels de santé animée par le Pr Guy Vallancien, urologue et membre de l’Académie nationale de médecine, ce dernier a souligné le « besoin d’utiliser les bases de données » pour « avoir une meilleure connaissance du terrain ». Aux Hospices Civils de Lyon, le Pr Bruno Lina suit depuis plusieurs années les taux de vaccination contre la grippe des différentes catégories socioprofessionnelles exerçant aux HCL. « Il y a de temps en temps des variations mais celles-ci sont relativement mineures », fait-il remarquer. Au final, les taux de vaccination apparaissent « assez stables » dans les hôpitaux lyonnais, ajoute-t-il. Les taux variant de 20 à 21 % dans les services de maladies infectieuses et laboratoires de microbiologie à 12 à 13 % dans d’autres services hospitaliers « plus réfractaires » quand le taux de vaccination au niveau des aides-soignantes et des administratifs plafonne entre 3 et 5 %, résume le Pr Lina qui juge les freins à la vaccination « relativement hétérogènes » et (peut-être) générationnels. « Sur les nouvelles générations de médecins, il est encore un peu tôt pour dessiner une tendance, mais globalement les internes et externes sont plutôt pas mal vaccinés et en comparant le taux de vaccination des "jeunes" par rapport aux plus "vieux", on a l’impression qu’il y a des services où ce ne sont que les jeunes qui sont vaccinés », fait-il remarquer. Pour le Pr Luc Martinez, vice-président de la Société française de médecine générale, l’influence sociale sur le médecin est forte sur la question de la vaccination et le praticien peut se comporter « en fonction de déterminants qui ne sont pas uniquement scientifiques ».

Modifier les comportements

Aux yeux du Pr Martinez, beaucoup reste à faire en matière de formation pour « accompagner les professionnels - comme les patients - à modifier et à adapter leur comportement » vis-à-vis des vaccins. Le Pr Lina insiste de son côté sur l’importance « d’instaurer une dynamique de groupe » pour faire remonter les taux de vaccination. « Cela permettrait d’intégrer la vaccination comme les mesures d’hygiène mises en place dans les services hospitaliers pour éviter la transmission de virus nosocomiaux », ajoute-t-il. En médecine de ville, la démarche peut tout à fait se transposer dans le cadre des maisons de santé pluridisciplinaire (MSP). En région lyonnaise, le Dr Olivier Beley a fait de l’exercice de groupe un moyen d’émulation en matière de vaccination. Au sein d’un projet de santé impliquant une trentaine de professionnels, « on a travaillé sur des procédures en déterminant le rôle de chacun - pharmacien, infirmière, médecin - et la manière de mettre en cohérence le partage d’information et les discours vis-à-vis de la vaccination », raconte-t-il. Les résultats sont au rendez-vous : « Chez nous, on voit que 50 % des professionnels modifient leur pratique dans le bon sens », indique le Dr Beley. Un exemple à suivre. 

Dvaid Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9525