LES AGRICULTEURS français, en utilisant des pesticides dans leurs exploitations, ont été (et sont) exposés à un risque élevé de maladie de Parkinson. Quasiment doublé. Ce constat, d’une étude menée par des équipes INSERM et de l’université Pierre et Marie Curie (Paris), vient certes confirmer une donnée déjà fortement évoquée, mais il ajoute une valeur ajoutée non négligeable. De fait, l’enquête réalisée auprès d’assurés de la MSA (mutualité sociale agricole) a établi les diverses responsabilités des produits utilisés et découvert une relation avec la durée d’exposition à ces agents chimiques.
L’équipe de Christophe Tzourio a enrôlé, parmi les affiliés à la MSA, 224 patients atteints de maladie de Parkinson ainsi que 557 sujets contrôles, indemnes. Les patients âgés de 18 à 75 ans, ont été recrutés entre 1998 et 1999. La maladie de Parkinson était affirmée sur le parkinsonisme, présence de 2 signes au moins parmi : tremblement de repos, bradykinésie, rigidité, trouble des réflexes posturaux. De plus, après qu’on se soit assuré de la qualité des fonctions cognitives, un entretien visait à déterminer notamment l’utilisation professionnelle globale aux pesticides (chez les hommes les 29 familles de molécules étaient spécifiées) et les périodes d’exposition.
Insecticides, fongicides, herbicides.
Le premier constat est simple. L’utilisation de pesticides au cours des travaux agricoles double quasiment le risque de survenue d’un Parkinson (odd ratio : 1,8, CI 95 % = 1,1-3,1). Il est démontré de plus une relation significative avec le nombre d’années d’épandage. Lors de l’analyse par groupes chimiques (insecticides, fongicides, herbicides) les insecticides élèvent l’odd ratio à 2,2 (IC 95 % = 1,1-4,3). Parmi eux les organochlorées font grimper ce risque à 2,4 (CI 95 % = 1,2-5,0).
Alexis Elbaz et coll. constatent des associations et un effet dose plus marqués chez les hommes dont le Parkinson a débuté tardivement. Ce qui se confirmerait par la double origine de la maladie neurologique. Les facteurs génétiques s’exprimeraient plutôt chez des sujets jeunes. L’environnement (les pesticides) mettrait davantage de temps avant de nuire. Pourtant l’analyse montre des durées d’exposition similaires, voire plus élevées chez les jeunes (augmentation de l’épandage, plus grandes propriétés). De plus, les produits ont varié avec le temps et les progrès de la chimie, les jeunes ont été davantage exposés aux plus toxiques (organochlorés). Les nouveaux agriculteurs, enfin, formés en établissements agricoles, ont appris à se protéger de ces émanations. À ce propos, l’enquête n’a pas déterminé l’utilisation d’équipements pour l’épandage de pesticides, par crainte de réponses « politiquement correctes ».
Le lindane de 1950 à 1998.
En s’intéressant davantage aux insecticides organochlorés, les auteurs rappellent que les plus usités sont le lindane (isomère de l’hexachlorocyclohexane), puis le DDT. Le lindane a été fortement utilisé en France de 1950 à 1998, notamment sur le maïs et les pommes de terre. Surtout, sa caractéristique principale porte sur sa longue persistance dans l’environnement, d’ailleurs il en est retrouvé dans le sérum humain.
Quant à la détermination des durées d’exposition, l’équipe a choisi de la calculer sur la totalité des heures d’exposition au cours de la vie. Le calcul en jours, en années, voire en hectares-années fournit des résultats similaires. En effet, le moyen d’épandage varie selon la taille de l’exploitation, passant d’un distributeur portable à un petit ou un gros tracteur.
Il a, enfin, été impossible de déterminer l’existence d’une période de la vie à risque particulier. D’autant que la simple exposition in utero peut participer à l’apparition d’une maladie de Parkinson.
Annals of Neurology, édition en ligne.
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