En marge de la Journée mondiale des donneurs de sang qui se tient comme chaque année le 14 juin, l'Établissement français du sang (EFS) lance son opération « Prenez le relais, un mois pour TOUS donner ». Cette campagne de sensibilisation, qui se déroule du 8 juin au 11 juillet, vise à augmenter les réserves de produits sanguins alors que les périodes de confinement et de déconfinement liées au Covid-19 ont perturbé les collectes.
Si l'EFS s'est adapté à la période de confinement pour assurer l'autosuffisance nationale en produits sanguins, François Toujas, président de l'EFS, s'inquiète de la situation actuelle post-confinement, alors que la reprise à un rythme plus soutenu des activités hospitalières et un effet de rattrapage accroissent les besoins en produits sanguins. « Tout début juin, nous avons atteint le seuil d'alerte de 85 000 poches de globules rouges de réserve. Aujourd'hui, nous sommes à 90 000, mais nous avons besoin d'un stock minimum de 100 000 pour plus de sérénité, explique-t-il. Notre objectif est d''augmenter fortement notre niveau de stock pour atteindre 120 000 poches à la mi-juillet et faire face à la période estivale. Nous en appelons à la mobilisation générale. »
La prise de rendez-vous en ligne s'est généralisée
La crise du Covid-19 a rapidement fait émerger la question de la sécurité transfusionnelle : « C'est notre obsession quotidienne, nous avons suivi de près les publications scientifiques, et très rapidement, les données ont été rassurantes », souligne François Toujas.
Et si les premiers jours de confinement ont suscité l'inquiétude au sein de l'EFS, « la période de confinement a finalement été assez sereine, notamment grâce à la mobilisation qui a suivi l'appel du directeur général de la santé à donner son sang », raconte François Toujas. La fermeture des universités et des entreprises notamment a réduit de 25 % l'offre de collectes, mais l'organisme de santé publique a réorganisé son offre pour répondre aux besoins.
Pour garantir la sécurité en réduisant le risque de transmission du virus sur les lieux de collecte, les gestes barrières ont été adoptés et la prise de rendez-vous en ligne s'est rapidement généralisée pour gérer les flux de donneurs. Une mesure qui pourrait se pérenniser, même si le président de l'EFS souhaite laisser sa place « aux dons d'impulsion ».
Suivre l'épidémie à travers le suivi des donneurs
Les équipes de l'EFS ont également été mobilisées du côté de la recherche. « Une dizaine de grands projets de recherche, en partenariat avec l'INSERM, l'Institut Pasteur ou encore l'AP-HP, ont été mis en œuvre autour de deux axes majeurs : la prise en charge des patients atteints de Covid-19 et une meilleure compréhension de la maladie », rapporte le président de l'EFS.
Sur le plan épidémiologique, le suivi de l'épidémie à travers le suivi des donneurs est un outil précieux. « Des études "flashs" ont été réalisées à la demande de l'institut Pasteur et du comité scientifique pour apprécier la circulation du virus au sein des donneurs de sang et qui sont donc asymptomatiques, détaille le Dr Pascal Morel, directeur médical de l’EFS. Nous avons observé qu'entre 0,4 et 5 % de cette population avait été infecté par le SARS-CoV-2, ce chiffre variant selon la période et le lieu. »
En parallèle, l'EFS a lancé l'essai COVIDonneur : « Dès fin mars, nous avons commencé à suivre une cohorte de donneurs pris au hasard sur les départements d'intérêt pour suivre l'évolution de la circulation du virus au fil du temps, ce qui va aider l'Institut Pasteur à modéliser l'épidémie », explique le Dr Morel. Les résultats de cette étude ne sont pas encore disponibles.
Un stock stratégique de plasma de patients convalescents
Sur le volet thérapeutique, l'essai Coriplasm, lancé début avril en collaboration avec l'AP-HP, concentre beaucoup d'espoirs. Cet essai clinique vise à évaluer l'intérêt du recours au plasma de patients convalescents chez des patients Covid-19 en phase aiguë. À ce jour, 14 patients ont été inclus dans l'étude. S'il est trop tôt pour en tirer des enseignements, le directeur médical de l'EFS évoque un « faisceau d'arguments convergents en faveur de son efficacité » au vu de la littérature internationale.
Sans attendre la preuve de l'efficacité de cette approche thérapeutique, « en quelques semaines, nous avons réussi à nous doter d'un stock stratégique de plasma convalescent, qui peut être mobilisé à tout moment en cas de nouvelle épidémie, et ce de façon à ce que chaque individu en France bénéficie de la même chance d'y accéder », précise François Toujas.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a de son côté autorisé la transfusion de plasma à titre compassionnel. D'après le Dr Morel, 24 patients en ont ainsi bénéficié.
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