L'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) a annoncé mardi 26 avril qu'elle allait réexaminer le dossier du bisphénol A, et plus particulièrement son effet possible sur le système immunitaire, pour tenir compte d'études récentes pointant les risques de cette substance chimique pour les fœtus et les enfants.
En janvier dernier, l'EFSA avait estimé qu'« aux niveaux actuels, le bisphénol A ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs de tous les groupes d’âge, y compris les enfants à naître, les nourrissons et les adolescents ». L'Agence européenne avait toutefois recommandé une diminution de la dose journalière tolérable de 50 µg/kg/jour à 4 µg/kg/jour.
Ces préconisations sont en deçà de celles de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), qui avait demandé, dans son rapport d’avril 2013, une réduction des expositions au bisphénol A, et fixait comme objectif prioritaire la prévention des expositions des populations les plus sensibles. Les conclusions de l'EFSA avaient par ailleurs suscité de vives réactions politiques.
Les nouvelles données de l'INRA
L'EFSA justifie ce travail de réévaluation par la publication « de nouveaux éléments scientifiques sur les effets potentiels du bisphénol A (BPA) sur le système immunitaire » des fœtus et des enfants sur lesquels un groupe de travail composé d'experts internationaux va désormais devoir se pencher.
Ces données nouvelles sont issues de deux études publiées en novembre 2014 par Sandrine Ménard, du centre toulousain de l'Institut national de recherche agronomique. Dans la première étude menée chez le chien et parue dans « FASEB Journal », les chercheurs ont introduit du bisphénol A dans la nourriture de femelles parturientes, entre le 15e jour de gestation et le sevrage du chiot, à raison de 0,5 μg/kg/jour, 5 ou 50 μg/kg/jour.
Comparés aux chiots non exposés au bisphénol A, les auteurs ont observé une augmentation des immunoglobulines G anti-ovalbumine (Ig anti-OVA), quel que soit le dosage, chez les chiots ayant une tolérance à l'ovalbumine, et à partir de 5 μg/kg/jour chez les chiots immunisés contre l'ovalbumine. Cette augmentation des IgG anti-OVA s'accompagnait d'une hausse de la sécrétion des interférons gamma dans la rate des animaux. Ces chiots développent en outre des inflammations du côlon, accompagnées d'infiltrations de polynucléaires neutrophiles quand ils sont exposés à de l'ovalbumine.
Des résultats confirment les observations
Ces résultats sont cohérents avec d'autres observations : l'augmentation des taux des lymphocytes T CD4+ CD44 et CD62L chez les rats exposés au bisphénol A. Les auteurs en déduisent que le bisphénol A pouvait être associé à l'apparition à des intolérances alimentaires.
Dans la seconde étude, publiée dans « PLoS One », Sandrine Ménard et ses collègues ont réitéré l'expérience avec des rats. Ils ont observé que l'exposition in utero au bisphénol A handicapait la réponse cellulaire aux antigènes contenus dans la nourriture des rats arrivés à l'âge adulte. Elle augmentait en outre la susceptibilité aux infections parasitaires. Le système immunitaire en maturation des fœtus pourrait donc être sensible à ce type d'exposition.
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