Afin d’améliorer la surveillance de cette maladie émergente et mal connue, l’encéphalite à tiques (TBE pour « Tick-Borne Encephalitis ») pourrait devenir une maladie à déclaration obligatoire. C’est en tout cas le sens d’une recommandation du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) adressée au ministère de la Santé.
Un foyer de 26 cas identifié fin mai dans l'Ain
L’infection est causée par le virus TBE (TBEV) et transmise par des tiques dures du genre Ixodes. Plus rarement (dans 1 % des cas), elle est transmise par la consommation de lait ou de produits à base de lait cru. Cette transmission par l’alimentation est par exemple l’hypothèse privilégiée par l’Agence régionale de santé Auvergne Rhône-Alpes qui a alerté, fin mai, sur l’apparition d’un foyer de 26 cas de TBE dans l’Ain, probablement liés à la consommation de fromages au lait cru de chèvre et de vache issue d’une exploitation agricole du département.
Asymptomatique dans 70 à 98 % des cas, selon les estimations, l’infection à TBEV commence à se manifester, après une période d’incubation de 2 à 28 jours, par des signes pseudo-grippaux (fièvre, céphalées, arthro-myalgies). « Après une période sans fièvre qui dure 2 à 8 jours, peuvent survenir, dans une proportion de l’ordre de 30 %, des manifestations neurologiques », indique le HCSP, précisant que ces signes neurologiques vont de troubles neurologiques divers frustes à des troubles de la conscience (ralentissement psychomoteur, troubles de l’équilibre, syndrome cérébelleux, troubles phasiques, tremblements...).
S’il n’existe pas de traitement curatif, « l’évolution est le plus souvent favorable spontanément », souligne l’avis du HCSP. Les formes les plus sévères peuvent nécessiter un traitement symptomatique. La littérature décrit l’existence de signes persistants à type d’encéphalopathie post-infectieuse, mais leur fréquence « est difficile à établir avec certitude en l’absence de critères diagnostiques stricts », est-il précisé.
Deux vaccins disponibles en France
La prévention repose principalement sur la lutte contre les tiques, dont la période d’activité se situe entre mars et octobre selon les conditions environnementales (zones forestières à l’hygrométrie importante). « Contrairement à la borréliose de Lyme, le retrait précoce de la tique piqueuse ne permet pas une prévention efficace car le virus est présent dans les glandes salivaires dès le début du repas sanguin de la tique », explique le HCSP. Deux vaccins sont disponibles en France et sont indiqués pour les voyageurs allant dans les zones endémiques. Dans ces territoires, la vaccination se révèle efficace, comme en Autriche où elle a permis de réduire l’incidence de l’infection.
En France, 25 cas ont été identifiés en 2018, principalement en Alsace et en Auvergne Rhône-Alpes. La surveillance est assurée depuis 2012 par le Centre national de référence (CNR) des arbovirus, à partir des cas qui lui sont notifiés. Les données sont communiquées au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC pour « European Centre for Disease Prevention and Control ») qui coordonne la surveillance au niveau européen.
Ce rôle est complexifié par la diversité des systèmes de surveillance sur le continent : « les infections à TBEV sont à déclaration obligatoire dans 18 pays et la surveillance repose sur un CNR dans 6 pays (Belgique, Danemark, France, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni) », détaille le HCSP.
C’est ainsi le souci d’un recueil détaillé des cas qui a motivé l’avis du HCSP, saisi par la Direction Générale de la Santé (DGS) en octobre dernier. Une déclaration obligatoire permettrait de « centraliser les données », mais aussi de suivre l’évolution de cette infection « probablement sous-diagnostiquée » et encore mal connue. L’enjeu est notamment de pouvoir envisager une politique publique de prévention.
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