COMMENçONS PAR DIRE que M. Obama a pris des précautions. Une seule photo des deux hommes ensemble, pas de commentaires du président, entretien réduit à la discrétion absolue. Le souci de ménager la Chine n’a donc pas été absent. Que Pékin s’élève contre le gouvernement américain dans ses habituelles diatribes n’a rien d’étonnant, mais ne signifie pas non plus que les ponts sont coupés entre les deux pays.
On reconnaîtra néanmoins que le chef de l’exécutif a parcouru une longue distance entre son désir, affirmé il y a plus d’un an, de lancer une politique d’ouverture en direction de tous les pays qui, naguère, pouvaient encore considérer l’administration Bush comme un dangereux adversaire, et les dures exigences de la réalité : les pays auxquels ils s’adressaient voulaient non pas de brillants discours mais des actes qui les eussent satisfaits. Au Proche-Orient, il s’est heurté à une nouveau gouvernement israélien qui a durci ses positions, en Afghanistan, il n’a pas eu d’autre choix que de renforcer son contingent, il n’est pas plus aimé que Bush à Cuba ou au Venezuela. Il a aussi déçu l’Europe et laissé ses services s’en expliquer : les Américains sont plus que déconcertés par le système politique de l’Union européenne et souhaiteraient parlementer avec un interlocuteur unique, qui ne serait pas le chef du gouvernement espagnol, président « tournant » de l’UE. Lequel a dû renoncer à un sommet euro-américain avec M. Obama, qui avait déjà envisagé de ne pas se rendre à la conférence finale du sommet de l’environnement à Copenhague, ce qui avait beaucoup déplu aux Européens, et notamment au président Sarkozy : mais, compte tenu du résultat dérisoire du sommet, le premier réflexe de M. Obama était manifestement le bon.
POUR LA CHINE, OBAMA A CHOISI LA MANIÈRE FORTE
De surcroît, le président des États-Unis, qui est extrêmement courtois, n’a guère aimé la très mauvaise manière que lui a faite la Chine en refusant toute concession en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique et a snobé le chef de l’hyperpuissance, contraint de dialoguer avec des sous-fifres chinois. Enfin, il n’accepte pas que, pour des raisons strictement bilatérales, la Chine refuse de voter au Conseil de sécurité de nouvelles sanctions contre l’Iran, alors que la Russie elle-même admet que Téhéran joue un jeu qui risque de conduire à une catastrophe.
Peut-être la Chine souhaite-t-elle exprimer son mécontentement à Washington, qui réclame depuis longtemps une réévaluation de la monnaire chinoise. En tout cas, elle s’y est mal pris. Car, de toute évidence, M. Obama s’est fâché. Pire : il a changé de politique à l’égard de la Chine en décidant de vendre pour plus de 6,5 milliards d’armements sophistiqués à Taïwan et de recevoir le dalaï lama qu’il semblait auparavant tenir à distance. Une politique dictée par le ressentiment est-elle bonne ? M. Obama est un animal plutôt froid. On ne le voit jamais se mettre en colère et on ne nous rapporte pas de querelles bruyantes au sein du bureau ovale, comme cela se passait du temps de Bill Clinton. Il semble plutôt que le chef de l’exécutif ait compris que la Chine, numéro un de la croissance dans le monde, numéro deux (juste après le Japon) pour la détention d’actifs en dollars, cette Chine qui s’est débarrassée de la crise par un simple haussement d’épaules, cette Chine décrite par tous les journaux comme un miracle sans précédent commence à s’enivrer de son succès, au point d’en perdre sa légendaire politesse.
Marché intérieur.
Or M. Obama sait pertinemment que la dette contractée par les États-Unis auprès de la Chine ne donne pas à celle-ci un pouvoir particulier sur l’Amérique : Pékin ferait mine de vendre ses bons du Trésor américain qu’il provoquerait un déséquilibre des marchés, ruineux pour les avoirs qu’elle n’aurait pas écoulés, et compromettrait gravement ses futures exportations. Sans le marché américain, la Chine, tant qu’elle n’aura pas développé son marché intérieur, serait obligée de fermer beaucoup d’usines. C’est d’ailleurs très logiquement ce à quoi M. Obama l’invite : à améliorer ses infrastructures, à favoriser le consommateur chinois, et à trouver un équilibre entre commerces extérieur et intérieur. Ce qui permettrait aux États-Unis de réduire leur dette à l’égard la Chine, de créer des emplois chez eux et d’établir une sorte d’équilibre des échanges entre les deux puissances. Les citoyens Chinois ne commenceront à utiliser une partie de leur épargne que s’ils sont rassurés sur leur retraite et sur leur santé. Leur gouvernement sait aussi qu’il ne peut pas rester indéfiniment « l’atelier du monde ». Bref, la direction chinoise, qui comprend d’excellents technocrates, n’est pas sourde à des arguments qui n’ont pas de couleur politique ni de nationalité. Mais on a tellement écrit que la Chine serait inéluctablement la prochaine et unique superpuissance qu’ils s’y sont vus dès cette année.
Il n’est pas inutile de rappeler que tous les efforts fournis de par le monde par des pays et des hommes bien intentionnés n’ont accordé aucun répit aux Tibétains ; qu’une visite du dalaï lama à la Maison Blanche n’annonce pas une guerre de libération du Tibet ; que la politique des droits de l’homme repose uniquement sur une communication qui n’a jamais fait avancer les intérêts des peuples sous le joug. Et donc que M. Obama en a peut-être pris conscience. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas froid aux yeux. Il a rappelé à la Chine que son rapport de forces avec l’Amérique ne s’est pas inversé et qu’il ne s’inversera pas dans les années qui viennent. On demandera ici à tous ceux qui font profession de haïr l’Amérique ou doutent déjà d’Obama si leur intérêt réel est que la Chine totalitaire devienne l’unique superpuissance.
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque
Autisme : la musique serait neuroprotectrice chez les prématurés