À l'occasion de la 11e édition de la Journée française de l'allergie, médecins et patients veulent faire entendre leur voix.
Le Syndicat français des allergologues (SYFAL), dans un contexte d’explosion du nombre de patients – 30 % de la population française touchée contre 3,8 % seulement en 1968 –, appelle les candidats à l'élection présidentielle à mettre la lutte contre les allergies et, de façon plus générale, la santé environnementale « au cœur » de leurs programmes, sous peine d'atteindre une « situation critique ».
La mise en place d'un observatoire
L'Organisation mondiale de la santé estime que la moitié de la population mondiale souffrira d'ici à 2050 d’allergie, la 4e maladie dans le monde, avec des coûts importants, directs ou indirects : traitements, journées d’arrêt de travail, baisse de la productivité et de la qualité de vie. Néanmoins, souligne le SYFAL, les allergies restent « aujourd’hui sous-diagnostiquées en raison de la reconnaissance insuffisante dont elles font l’objet ». Le syndicat demande la mise en œuvre d'un « plan Allergies » avec notamment la création d’un « Observatoire des allergies » qui dresse et actualise la liste des plantes présentes sur le territoire français et des produits contenant des allergènes, le renforcement des crédits de recherche en faveur d’études concernant le suivi de l’évolution des allergies sur le territoire national ou encore d'autres mesures comme l'ajout dans le carnet de santé de chaque Français d’une rubrique dédiée aux allergies et l'affichage clair et lisible des substances allergènes pour les produits de grande consommation.
Pollution aux particules : abaisser les seuils
Pour lutter contre la pollution de l'air, le SYFAL souhaite une diminution des seuils d’alerte pour la pollution aux particules (PM10) de 80 μg/m3 à 50 μg/m3, valeur limite recommandée par l’OMS, pour la protection de la santé humaine, l’interdiction du diesel en ville et des alternatives à la voiture pour lutter contre les effets néfastes du trafic routier. L'inclusion d’un volet « allergies » dans le cadre des visites annuelles obligatoires de la médecine du travail et de la médecine scolaire ou la proposition d’un dépistage annuel volontaire et gratuit dans un lieu public à la population française des moins de six ans figurent parmi les autres mesures formulées par le SYFAL.
L'association Asthme & Allergie qui a réalisé un sondage sur la perception de la maladie alerte aussi sur le manque de reconnaissance de la maladie et des patients qui en souffrent. Parmi les Français interrogés par l'IFOP, 34 % (44 % chez les moins de 35 ans) se sont déclarés allergiques. Près d'un Français sur 2 (47 %), estime que l'allergie n'est pas reconnue pour une vraie maladie alors que 39 % (52 % des 18-24 ans) pensent qu’« il faut apprendre à vivre avec l’allergie car cela ne se soigne pas ».
Mieux dépister et mieux rembourser la désensibilisation
« Le 29 décembre 2016, l’allergologie a enfin été reconnue comme une spécialité universitaire par arrêté. Un premier pas encourageant vers une meilleure prise en charge de la maladie. Mais les Français continuent de méconnaître l’allergie et à se résigner alors que des traitements efficaces existent. Il y a pourtant urgence à agir et à mobiliser tous les acteurs face à une pathologie dont la fréquence et la sévérité progressent continuellement depuis 40 ans », a indiqué Christine Rolland, directrice d’Asthme & Allergie. L’association renouvelle ses propositions pour une meilleure prise en charge, et interpelle, elle aussi, les candidats à l'élection présidentielle. Elle souhaite un dépistage renforcé des maladies allergiques par les généralistes et les pédiatres qui orienteront vers un allergologue, la systématisation de l'éducation thérapeutique, la mise en place d'un suivi par un allergologue après tout choc anaphylactique, l'amélioration de la prise en charge par les mutuelles des traitements de désensibilisation, des postes supplémentaires de conseillers médicaux en environnement intérieur.
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