Avec environ 50 000 interventions réalisées, chaque année, la France est championne d'Europe, en matière de traitement de chirurgie bariatrique. Axé sur le soin, le système de santé français est, néanmoins, bien moins performant en termes de prévention. Or, dans le domaine de l'obésité, comme pour les autres maladies chroniques, la prévention reste essentielle. Comme le souligne Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses (CNAO) [1], « la population française souffre de plus en plus d'obésité, de plus en plus tôt, avec un impact social et économique de plus en plus important ». Afin de mieux lutter contrer ce fléau, le CNAO s'est réuni le 29 mars 2017 à l'Assemblée nationale, en présence d'usagers, de professionnels de santé de personnalités politiques pour débattre au sujet de l'obésité et formuler des propositions aux futures équipes dirigeantes.
Des mesures concrètes
Premier souhait du CNAO : la nomination d'un délégué à la prévention disposant de moyens transversaux pour mener des campagnes de prévention grand-public et interministériels. « Cela doit s'inscrire dans la continuité du plan obésité et en collaboration avec les ministères de la Santé, de l'Agriculture et de l'alimentation, de l'Outre-Mer, de l'Éducation nationale de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et du transport. Mais aussi, avec le conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), les experts en urbanisme et les associations de patients », précise Anne-Sophie Joly.
Autre point : l'établissement d'une ligne budgétaire dédiée à la lutte contre l'obésité au sein du gouvernement. Le CNAO plaide, en outre, pour la mise en place de 15 minutes d'activité physique adaptée pour chaque enfant dès la crèche, tous les jours, en dehors des activités physiques déjà mises en place pour les enfants (dans les écoles). La mise en oeuvre d'une politique d'urbanisme en faveur de l'activité physique est également nécessaire : davantage de pistes cyclables, un équipement de sport de ville adapté et sécuritaire.
La réglementation concernant les seuils de sel, sucre, gras, additifs autorisés dans les produits alimentaires doit, par ailleurs, être renforcée. « De plus, un système d'étiquetage propre aux fast-foods devrait être mis en œuvre pour rendre plus visibles les taux de sucre et de graisse contenus dans les produits », ajoute Anne-Sophie Joly. Le collectif propose aussi une réglementation des cantines scolaires, d'entreprises et d'hôpitaux en faveur de plats sains et savoureux. « Nous militons pour un système favorisant les circuits courts de la cueillette à l'assiette pour favoriser la consommation de produits sains. Mais aussi, pour la mise en place d'un système d'incitation fiscale (TVA à taux particulier) pour les produits alimentaires sains. Dans l'idéal, nous souhaiterions la suppression de la TVA sur les fruits et légumes », confie Anne-Sophie Joly. Le CNAO espère que toutes ces propositions, portées auprès des politiques, puissent être prises en compte dans le cadre d'un nouveau plan Obésité pluriannuel et pluriministériel.
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