ILS ONT PASSÉ près de deux ans à 3 900 mètres de profondeur et devraient être remontés d’ici à trois semaines ou un mois. Les corps de quelque 180 passagers de l’Airbus A 330 (à l’origine 228, une cinquantaine d’entre eux ont été repêchés quelques jours après l’accident) devraient néanmoins pouvoir être identifiés, grâce aux conditions exceptionnelles dans lesquels ils ont été maintenus.
« À près de 4 000 mètres de profondeur, l’eau est très froide, autour de 0 ou 1 degré, et l’énorme pression hydrique entraîne une épuration microbique et une rareté de l’oxygène, les corps devraient être assez bien conservés », explique au « Quotidien » Philippe Werson, chef du service de médecine légale d’Évry. La profondeur a dû également protéger les corps des prédateurs ou des hélices des bateaux qui naviguent en surface. « On a des conditions de conservation plutôt bonnes par rapport à un corps qui est à l’air. Les tissus gras peuvent se transformer en une espèce de cire, l’adipocire, une graisse qui devient dure et participe à la conservation du corps », confirme Michel Sapanet, médecin légiste au CHU de Poitiers. En revanche, une fois à l’air, l’oxygène redevient une menace : « Les corps que l’on ressortira de l’eau risquent de se putréfier, ils devront être rapidement placés dans le froid », souligne Philippe Werson.
Comme une enquête policière.
De l’avis des médecins légistes, l’identification ne devrait pas être trop ardue. « Reconnaître les passagers d’un avion est toujours plus simple que de travailler sur un noyé solitaire dont on ne sait rien », explique le chef de service. « Dans le cas d’un crash, nous connaissons au préalable les identités et possédons beaucoup d’éléments prémortem, les légistes partiront de ces indices, qui sont autant d’arguments policiers », poursuit-il. Sexe, bijoux (montres, alliances, piercings, tatouage), habits, placements dans l’avion représentent en effet les caractéristiques les plus tangibles pour procéder à l’identification.
En leur absence, les médecins légistes peuvent se pencher sur des signes plus dissimulés. Comme les dents. « Lors du crash du Concorde en 2000, la reconnaissance des Allemands fut aisée : ils étaient en voyage d’agrément, avaient de l’argent et, partant, des soins dentaires corrects. Les enquêteurs ont pu se rendre chez les proches qui leur ont indiqué les dentistes, propriétaires des fiches dentaires », raconte Philippe Werson. « Nous pouvons même réaliser un panoramique de la dentition du cadavre, que l’on confronte avec les radios faites de son vivant. » Les prothèses, avec un numéro de série, les clous ou les broches sont également très utiles. Quant à l’ADN, conservé dans l’os, « il n’arrive qu’en dernier recours, c’est très cher ! », tranche le légiste. Dans le cas du crash du Concorde, pas un corps n’a été reconnu grâce à cette technique, assure-t-il.
Les cadavres, s’ils n’ont pas été abîmés par l’accident, ne seraient ainsi pas ouverts ? « Ils seront sûrement autopsiés, car l’étude de la traumatologie peut beaucoup aider à déterminer les causes du crash, encore très obscures », conclut Philippe Werson.
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