Actuellement, un million de personnes sont atteintes de la maladie d'Alzheimer en France et ce chiffre devrait atteindre 1 ,4 millions d’ici 2030. Parallèlement, grâce à l’émergence de nouvelles techniques dans le champ de la biologie et de l’imagerie, la connaissance de la maladie a significativement avancé ces dernières années, permettant un diagnostic et une prise en charge précoces. En regard de ces avancées, l’espoir de nouveaux traitements agissant sur les lésions neuronales de la maladie (immunothérapies, inhibiteurs de β secrétase) devrait se concrétiser pour 2025, modifiant le paradigme de la pathologie.
L’installation progressive des lésions de la MA aboutissant à une mort neuronale (protéines Aβ amyloïdes se déposant en plaques sur le cortex et protéines Tau hyperphosphorylées entraînant une dégénérescence neurofibrillaire) est associée à une modification spécifique de biomarqueurs cliniques, biologiques et d’imagerie, dont certains se modifient plus de 15 ans avant les premiers symptômes visibles.
Exploration des biomarqueurs paracliniques…
Le biomarqueur clinique initial est un trouble de mémoire dont le profil spécifique (trouble de stockage et de consolidation en mémoire épisodique) signe l’atteinte des hippocampes. L’atteinte des fonctions exécutives et instrumentales (praxies, langage, visuo-perception) intervient secondairement dans l’évolution. Ce profil clinique, socle du diagnostic, nécessite d’être objectivé par des tests de mémoire validés, dont les phases de passation sont contrôlées (Test de Rappel Libre-Rappel Indicé 16 items). Si ce biomarqueur clinique est présent, l’exploration des biomarqueurs paracliniques peut être proposée.
Les biomarqueurs d’imagerie visent à montrer une atrophie sur les imageries structurelles (IRM cérébrale) et/ou un déficit fonctionnel sur les imageries nucléaires qui sont plus sensibles (scintigraphie de perfusion ou étude du métabolisme en PET). Ces anomalies d’imagerie concernent précocement les régions hippocampiques, ainsi que les régions des cortex associatifs postérieurs. Des scores d’atrophie (score de Scheltens pour les hippocampes) permettent d’homogénéiser l’interprétation des examens. De nouvelles techniques d’imagerie combinant les techniques structurelles et nucléaires (PET-IRM, voir figure) permettent de sensibiliser la détection de ces anomalies et sont maintenant accessibles pour le diagnostic.
...et biologiques
Les biomarqueurs biologiques sont réservés aux patients pour lesquels le doute diagnostique persiste après exploration des biomarqueurs cliniques et d’imagerie. Le dosage des biomarqueurs se fait dans le liquide céphalorachidien au sein des centres experts. Le profil de leur modification (baisse de la protéine Aβ et augmentation des protéines Tau et Phospho-Tau) est à la fois très sensible et spécifique. Ces biomarqueurs se modifiant très précocement (plus de 10 ans avant les signes cliniques), leur analyse et leur rendu nécessitent des précautions éthiques.
La convergence des biomarqueurs permet aujourd’hui un diagnostic précoce et fiable aboutissant à l’optimisation de la prise en charge multimodale (médicaments symptomatiques, stimulation cognitive, prise en charge sociale) et retardant la perte d’autonomie. Ce diagnostic précoce ouvre la voie aux thérapeutiques de demain.
Neurologue
Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer (hôpital Pitié Salpêtrière, Paris) ; Frontlab, INSERM UMR 1022, Institut du cerveau et de la moelle épinière (IHU-ICM, Paris) ; clinique médicale du château de Garches
Dubois B et al. Advancing research diagnostic criteria for Alzheimer's disease: the IWG-2 criteria.Lancet Neurol 2014 Jun;13(6):614-29
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