Fille ou garçon ? Est-ce si important de connaître le sexe du bébé avant sa naissance ? Les travaux d'Olivia Samuel, démographe, maîtresse de conférence à l'Université de Versailles-St-Quentin et chercheuse associée à l'Institut national d'études démographiques (INED) éclairent les attitudes des parents en France face à l'arrivée d'un enfant, en s'appuyant sur les données de l'étude longitudinale française depuis l'enfance (ELFE), qui suit plus de 18 000 enfants nés en 2011 et sur une enquête qualitative auprès de 36 parents.
Premier constat : une grande majorité des couples (89,7 % des femmes, et 84,1 % des hommes) désire connaître le sexe. Un désir partagé, qui ne varie guère en fonction du nombre d'enfants, mais plutôt en fonction du niveau de diplôme, les bac + 2 « n'étant que » 85 % à vouloir connaître le sexe, contre 94 % chez les non titulaires de baccalauréat.
Les soignants iraient à la rencontre de cette demande sociale lors de l'échographie, avance prudemment Olivia Samuel : « Cela nécessiterait une recherche en soi, ainsi que des comparaisons internationales, car dans certains pays, les soignants ne proposent pas de révéler le sexe », avance-t-elle.
La curiosité est la raison avancée par les parents. Mais d'autres facteurs construisent cette norme intériorisée, explique Olivia Samuel : assigner précocement un sexe à un être en devenir permet de se préparer en tant que parent non d'un bébé neutre, mais d'une fille ou d'un garçon, de préparer la fratrie, et de dépasser ses préférences « pour accueillir un enfant de sexe non désiré, et l'accepter tel qu'il est », détaille la démographe. Les parents sans préférence sont ceux qui demandent le moins à connaître le sexe du bébé.
Aspiration à la mixité dans la fratrie
Plus de 59 % des pères et 54 % des mères disent n'avoir pas de préférence, révèle l'enquête ELFE, qui a posé la question deux mois après la naissance de l'enfant (un biais possible, note Olivia Samuel).
Chez les parents qui reconnaissent une préférence, celle-ci s'oriente sur le sexe semblable : les mères sont 25 % à préférer une fille (20 % un garçon) et les pères, 23 % à désirer un garçon (18 % une fille).
Les préférences évoluent avec le nombre d'enfants. Pour l'aîné, les pères souhaitent davantage un garçon (25 % vs 16 % à vouloir une fille). « Légère réminiscence du patriarcat et de schémas anciens qui valorisent la virilité ? » interroge Olivia Samuel.
La venue d'un cadet aiguise les désirs, en faveur de la mixité. La proportion d'indifférents se contracte (de 59 % à 57 %), surtout lorsque l'aîné est du sexe opposé au parent. Une tendance marquée chez les mères : celles qui ont un aîné garçon sont seulement 48 % à se dire indifférentes (vs 57 % lorsqu'elles ont déjà une fille), 42 % veulent une fille.
Les attitudes des Français semblent aussi obéir à un gradient social. Les plus diplômés affichent davantage une indifférence à l'égard du sexe (à plus de 60 % vs 48 % chez les mères sans le bac, et 56 % chez les hommes non diplômés). Les mères les plus diplômées se distinguent significativement par leur volonté d'avoir une fille (60 % déclarent une telle préférence vs 50 % pour les moins diplômés). Chez les hommes, les moins diplômés valorisent le masculin, tandis que les plus diplômés aspirent à un enfant de sexe opposé - ce qui converge avec le souhait des femmes de même milieu social, et rejoint les tendances des pays scandinaves, où la norme égalitaire se conjugue avec la préférence pour le sexe traditionnel dominé.
À une nuance près, relève Michel Bozon, fondateur de l'unité démographie Genre et société : que les personnes les plus diplômées ont tendance à adapter leurs réponses aux questionnaires, sans qu'elles ne soient le parfait reflet de leurs actes.
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