Ce vendredi 30 novembre, à Clermont-Ferrand, l'enjeu est de taille pour Thomas Deroche.
Invité au colloque national des centres hospitaliers locaux et des hôpitaux de proximité, l'expert de la direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère) en charge du chantier sur les hôpitaux de proximité dispose d'une heure montre en main pour informer sans effrayer une soixantaine de représentants des petits établissements de santé sur la nouvelle catégorie juridique d'établissements concoctée par l'exécutif.
En 2017, 180 des 280 ex-hôpitaux locaux (implantés en territoire isolé et rural, où travaillent des médecins généralistes libéraux) répondaient aux critères des hôpitaux de proximité tels que pensés par la précédente équipe. Le seront-ils demain ?
Thomas Deroche a donc fait la pédagogie de ces 500 à 600 « hôpitaux de proximité réinventés », mesure phare du plan Ma santé 2022.
Pour décrocher le nouveau label « hôpital de proximité », les candidats devront montrer patte blanche sur une série de missions « socles » et « optionnelles ». Dans les premières, on retrouve la médecine, les soins aux personnes âgées, les consultations avancées de spécialité et l'activité hors les murs, c’est-à-dire en lien avec la ville. Toutes les quatre sont jugées « incontournables pour devenir hôpital de proximité ».
Les activités optionnelles regroupent les soins de suite et de réadaptation (SSR), les soins non programmés, la médecine d'urgence, la prévention et la recherche en soins primaires.
Quid des plateaux techniques légers d'imagerie et de biologie cités mi-septembre dans le plan du gouvernement ? Le mutisme de Thomas Deroche à ce sujet pourrait se révéler une bonne nouvelle pour un certain nombre d'hôpitaux locaux qui craignaient de se voir exclus de la labellisation à moins de s'équiper.
En revanche, pas de doute : la chirurgie et l'obstétrique sont exclues du futur cahier des charges.
L'expert a aussi insisté sur la souplesse de cette nouvelle catégorie d'établissements, qui « doit devenir reine pour la coopération ville hôpital » en travaillant avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Cette double vision des soins de proximité devrait séduire des médecins généralistes dans les territoires les moins bien dotés en facilitant l'exercice partagé, ambitionne Thomas Deroche. Tous ces sujets seront définis par ordonnances pour « laisser le temps de la concertation » – et non dans la loi de santé prévue début 2019.
Manque de considération
L'auditoire n'a pas semblé convaincu par la leçon du professeur Deroche. Pour Bernadette Lafond, directrice des Hôpitaux Saône Beaujolais (Rhône), les SSR doivent impérativement faire partie des missions socles. Selon elle, cette activité est primordiale pour la coopération avec la ville. « C'est l'interface avec les libéraux, on ne peut pas la rattacher à l'établissement support. »
Sylvie Tourneur, son homologue de l'hôpital d'Yssingeaux (Haute-Loire) a quant à elle fait part du manque de reconnaissance dont souffrent les hôpitaux locaux. « Nous espérons que cette nouvelle appellation sera une promotion car il nous arrive trop souvent d'être considérés comme des hospices du XIXe siècle », a-t-elle prévenu sous les applaudissements de ses confrères.
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