PAR LE Pr MARTINE GILARD*
LE TRAITEMENT du syndrome coronarien aigu avec sus décalage du segment ST (SCA ST+) consiste à réaliser l’ouverture de l’artère coronaire responsable le plus rapidement possible. Il s’agit d’une urgence médicale pour laquelle le traitement à une influence certaine sur la morbi-mortalité ultérieure. C’est pourquoi la prise en charge à la phase aiguë est primordiale, nécessitant la mise en place d’un réseau de soin adapté. D’important progrès ont été réalisés dans ce domaine au cours des vingt dernières années, avec une nette diminution de la mortalité hospitalière passant de 8,6 % à 4,0 % (1, 2). L’angioplastie primaire est le traitement de référence, classe IA dans les recommandations de l’ESC, mais les difficultés retardant la prise en charge font de la fibrinolyse une option thérapeutique indispensable. Les recommandations des sociétés savantes, notamment européennes, encouragent de réaliser cette angioplastie primaire dans les 120 minutes qui suivent la prise en charge du patient, et ce délai est réduit à 90 minutes si le patient a moins de 75 ans et présente un infarctus étendu. Par conséquent, lorsque ce délai ne peut être respecté, il faut réaliser, s’il n’y a pas de contre-indication, une fibrinolyse en pré-hospitalier. Le patient fibrinolysé devra ensuite être conduit dans un centre qui peut réaliser une angioplastie. Cette angioplastie sera effectuée dès l’arrivée du patient si la fibrinolyse a échoué, ou bien dans les 24 à 48 heures suivantes dans le cadre d’une fibrinolyse réussie.
« Stent for Life » est un projet européen dont l’objectif est d’améliorer et d’homogénéiser, en Europe, la prise en charge des patients présentant un infarctus du myocarde en phase aiguë. En effet, le travail de Peter Widimsky et coll. (3) a montré qu’en Europe la qualité et l’efficacité de la prise en charge de l’infarctus ST+ est très variable selon les pays. Ce projet Stent for Life a été lancé parallèlement dans dix pays pilotes (Bulgarie, Egypte, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Roumanie, Serbie, Turquie) afin de comprendre les raisons de ces différences et d’améliorer la prise en charge des patients.
Cinq départements en France.
En France, l’étude porte sur cinq départements pilotes représentatifs du territoire : le Nord, l’Essonne, la Haute-Savoie, la Côte-d’Or et la Haute-Garonne. Ces départements ont été choisis en raison de leur différences géographiques, de densité de population et de nombre de centres avec et sans structure permettant de réaliser 24 heures sur 24 des angioplasties à la phase aiguë de l’infarctus. Un premier registre a été réalisé pendant le mois de novembre 2010 recueillant de façon exhaustive tous les cas de patients hospitalisés dans les 48 heures suivant le début des symptômes. Ainsi, 200 patients ont pu être analysés : la douleur thoracique, signe révélateur de l’infarctus, est reconnue comme telle chez 93 % des patients présentant un SCA ST+. Face à ces douleurs, seulement 48 % des patients ont le réflexe d’appeler le 15 pour une intervention du samu. Le taux d’angioplastie primaire est de 64 %, de fibrinolyse de 24 % et seulement 14 % des patients ne bénéficient pas d’une revascularisation. Cependant, le parcours optimal – premier appel SAMU puis transfert direct en salle de cathétérisme ou fibrinolyse en fonction des délais – est utilisé moins d’une fois sur deux. Or ce parcours optimal permet d’améliorer les délais de prise en charge et ainsi de diminuer la morbi-mortalité de l’infarctus. C’est dans ce contexte que le GACI, groupe de la Société française de cardiologie, la Société française de médecine d’urgence et le samu ont mis en place une campagne de sensibilisation auprès du grand public ainsi que des médecins généralistes et cardiologues de ville de ces cinq départements pour apprendre les bons réflexes aux patients (conférence de presse, application Smartphone, brochure grand public, affiches pour les salles d’attente des médecins , newsletters pour les médecins généralistes et les cardiologues libéraux, réunions des acteurs médicaux de la prise en charge de l’infarctus). Un deuxième registre a été réalisé en novembre 2011 dans ces cinq départements. Son objectif est de déterminer l’impact de ces mesures sur la prise en charge des patients. Si l’on constate une amélioration, ces mesures seront étendues au niveau national.
* CHU de Brest
(1) Danchin N, et coll. J Am Coll Cardiol 1997;30:1598-605.
(2) Danchin N, et coll. Circulation 2008;118:268–76.
(3) Widimsky P, et coll. Eur Heart J 2010;31:943-57.
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