LA « DÉCLARATION DE NUREMBERG » présente officiellement les excuses du corps médical aux victimes et aux familles des victimes des politiques eugénistes menées dès 1933 par les nazis. Plus de 350 000 personnes cataloguées comme « génétiquement malades » furent stérilisées de force. À partir de 1939, plus de 200 000 handicapés physiques et mentaux furent « euthanasiés », soit dans des centres spécialement construits dans ce but soit, après 1941, dans les camps de concentration. Après des années de silence, le corps médical allemand s’est attaché, surtout depuis la réunification du pays en 1990, à étudier en détail cette période noire et honteuse de son histoire. Contrairement à une idée longtemps répandue, les médecins ont massivement adhéré à cette politique eugéniste, et ont contribué à sa « réussite » en dénonçant aux autorités de nombreux handicapés. La proportion de médecins membres du parti nazi était d’ailleurs, avec les juristes, la plus élevée parmi les professions universitaires. En dehors des tristement célèbres médecins des camps de concentration, dont les crimes furent révélés lors des procès de Nuremberg (voir encadré), les recherches menées par des historiens indépendants ont montré, ces dernières années, la participation massive des médecins « de terrain » à la politique nazie. L’Ordre des médecins a largement encouragé ces recherches historiques, et a déjà consacré plusieurs congrès et déclarations à ce thème.
Une exposition historique.
Toutefois, la déclaration de Nuremberg va plus loin que les textes précédents, car elle insiste sur l’implication générale du corps médical dans ces actes, y compris au niveau local et régional. De plus, soulignait le président de l’Ordre des médecins, le Dr Frank-Ulrich Montgomery, « le fait de tenir cette année notre congrès à Nuremberg imposait que nous nous exprimions ici sur ces crimes ». Le congrès se déroule en effet chaque année dans une autre ville : il avait certes déjà eu lien à Nuremberg en 1979, mais le sujet était encore trop tabou à l’époque pour être abordé au grand jour. Lors du congrès, une exposition historique a rappelé par ailleurs la destinée souvent tragique d’une vingtaine de médecins juifs de la région de Nuremberg : dès 1933, ils perdirent, comme 8 000 autres médecins juifs, le droit de travailler comme médecins conventionnés. En 1938, leurs diplômes de médecin furent purement et simplement annulés. Certains parvinrent à émigrer à l’étranger, notamment aux États-Unis. L’un d’entre eux émigra à la Jamaïque et y modernisa les structures de santé. Mais beaucoup d’autres restèrent sur place et furent arrêtés et déportés après 1938. Plusieurs d’entre eux ne revinrent pas des camps, mais, même pour les médecins qui échappèrent aux arrestations et reprirent leur activité après 1945, l’annulation du diplôme, en 1938, fut un traumatisme majeur dont ils ne se remirent jamais totalement.
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