QU’ELLE SOIT POSITIVE ou négative, l’information véhiculée autour des médecines dites alternatives demeure souvent teintée de « croyances et d’idéologie », et « les usagers s’informent moins au sein des cabinets médicaux qu’auprès de leur famille, de leurs connaissances, sur Internet, ou par le biais de la presse dite féminine », constate le Centre d’analyse stratégique dans une nouvelle note publiée mardi. Pour apporter plus de transparence dans le domaine, le CAS appelle notamment les pouvoirs à publics à « ouvrir une plateforme d’information recensant les connaissances actuelles sur les médecines non conventionnelles, les plantes médicinales et les praticiens du secteur ». Certains pays ont créé des centres d’études dédiés, comme le National Research Center in Complementary and Alternative Medicine en Norvège où est mise en place une banque de données consacrées aux effets de ces traitements, aujourd’hui partagée avec le Danemark et la Suède et qui peut être alimenté par les patients, leur famille ou leurs praticiens. L’Union européenne finance quant à elle jusqu’à la fin de l’année le projet CAMbrella qui vise entre autres à favoriser le développement de la recherche dans le champ des médecines non conventionnelles. Cette recherche devrait par ailleurs inclure des études bénéfice-risque et coût efficacité pour décider de la pertinence « d’interdire ou de dissuader le recours à certaines pratiques », « de promouvoir certaines méthodes via les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) » voire « d’envisager le remboursement des pratiques les plus efficientes », ajoute le CAS.
Examen de passage.
Afin de permettre aux patients un choix éclairé, le CAS prône la création d’un « label de thérapeute en pratiques non conventionnelles dont l’obtention serait conditionnée à la réussite d’un examen clinique et juridique », à l’image ce qui se fait en Allemagne avec les Heilpraktiker (« praticiens de santé »). Outre-Rhin, de 20 à 80 % des candidats à ce type d’examen échouent selon les régions. Les diplômés s’engagent à référer leurs patients à des médecins en cas de besoin, ce qui contribue à éviter un dangereux mélange des genres. « Certains craignent que poser un cadre réglementaire ne légitime des pratiques folkloriques. Néanmoins, adapter les réglementations aux évolutions des usages permet d’opérer un tri entre professionnels compétents et pseudo-thérapeutes et d’édicter des recommandations de bonnes pratiques », considère le CAS. Se pose également la question des formations des professionnels non allopathes dont le niveau reste très inégal : certaines formations se déroulent sur plusieurs années, d’autres seulement sur quelques week-ends et nombreuses sont celles qui ne forment pas leurs élèves à savoir poser un diagnostic de triage afin d’orienter le patient vers un médecin en cas de besoin. Pour le CAS, « durcir les critères de formation et donc d’agrément des écoles serait certainement nécessaire », tout comme la création d’un label spécifique afin d’identifier les écoles privées destinées aux personnes désireuses de pratiquer des médecines non-conventionnelles.
Médecin garde-fou.
Pour les professionnels de santé, l’enseignement des approches non-conventionnelles dans le cursus initial est loin d’être systématique en France. Certains peuvent toutefois suivre des formations continues, « peu nombreuses et de niveau variables, en écoles privées ou à l’université ». Face à la demande de soins alternatifs, « il semblerait opportun d’augmenter les possibilités de formation universitaire en méthodes non conventionnelles, afin que les médecins puissent, a minima, informer, diriger leur patientèle voire servir de garde-fou pour la protéger de certains abus », estime le CAS qui prône le développement de modules facultatifs d’initiation aux médecines non conventionnelles pour les étudiants des filières médicales et paramédicales. « Loin de remettre en cause l’importance des médecins, l’essor des médecines non-conventionnelles pourrait représenter une opportunité pour l’enrichissement de leurs pratiques », déclare Vincent Chriqui, directeur général du CAS. « Il est donc dès à présent nécessaire de mieux encadrer et évaluer ces pratiques. C’est seulement ainsi que les médecines non-conventionnelles pourront contribuer à diversifier l’offre sanitaire, et notamment à l’enrichir sur son versant préventif », conclut-il.
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