DE NOTRE CORRESPONDANTE
ÉTRANGLES par la crise, rattrapés par le fisc et les banques qui ont fermé le robinet de crédit, les Italiens se serrent la ceinture chaque jour davantage. Après avoir renoncé aux « extras », ils sont obligés de revoir leur budget santé à la baisse. Cet arbitrage est d’autant plus fréquent que l’augmentation du ticket modérateur (tout ce qui n’est pas remboursé) adoptée en 2011 par le gouvernement Berlusconi pour redresser les comptes en déliquescence a pénalisé lourdement les ménages en difficultés. Quant au chômage, il a grimpé à 12%, un chiffre record depuis 1992...
Petits arrangements avec les exemptions.
La question du « reste à charge » santé (visites spécialisées, examens médicaux...) est devenue cruciale en Italie. Du coup, de plus en plus d’Italiens ont recours à une spécialité nationale : l’art de s’arranger.
Comment ? En essayant de bénéficier du régime favorable d’exonération du ticket modérateur accordé à quelques catégories sociales ou situations bien définies. C’est le cas des chômeurs, des patients souffrant de pathologies chroniques ou rares ou encore des enfants de moins de six ans. C’est aussi le cas des personnes âgées de plus de 65 ans dont les revenus annuels sont inférieurs à 8 263,31 euros. Ce régime bénéficie enfin aux invalides pour les thérapies concernant le traitement de leurs pathologies.
Mais avec la crise qui n’en finit pas, l’application de ces conditions semble devenue plus... souple. Pour preuve, une étude effectuée par le ministère de la Santé qui établit que, l’an dernier, 70 % des visites spécialisées, des analyses et des examens médicaux ont été effectués gratuitement sur le territoire. Traduit en chiffres pour ces soins prescrits, cela veut dire 145 millions d’ordonnances gratuites sur 207 millions, soit 2,8 millions d’exonérations de plus par rapport à l’année précédente. Une très mauvaise nouvelle les comptes de la Sécu déjà calamiteux.
Circulaire aux médecins.
Ce phénomène de l’exonération galopante touche toutes les régions de la péninsule. Mais il a pris des proportions alarmantes dans certains zones, notamment dans le Mezzogiorno en crise, région du sud délaissée par les investisseurs et le gouvernement. Les exonérations y représentent 86% du montant total des prescriptions en Campanie et 84 % en Calabre !
Dans le nord en revanche, la situation est moins dramatique. Le pourcentage d’ordonnances gratuites représente par exemple 53 % du nombre de prescriptions dans la région du Trentin-Haut-Adige. La plupart des exonérations sont effectivement justifiées par la baisse des revenus des assurés.
Pour limiter les fraudes et les abus, le gouvernement de Mario Monti avait expédié une circulaire aux médecins de famille chargés d’accorder les fameux certificats d’exonération. Avec un message : être moins généreux. Des consignes identiques de fermeté ont été données aux centres régionaux de Sécurité sociale qui sont chargés de valider les certificats rédigés par les blouses blanches. Compte tenu de l’augmentation du volume des exonérations, le ministère de la Santé s’apprête à rédiger une nouvelle circulaire réclamant davantage de rigueur. Affaire à suivre.
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