DE NOTRE CORRESPONDANT
À l’origine simple « dépôt de mendicité », l’hôpital prendra son orientation psychiatrique à la fin des années 1870, puis accueillera plus spécifiquement les malades réputés difficiles ou violents, internés jusque dans les années 1950 dans des « quartiers de sûreté pour aliénés dangereux ». Devenu hôpital de secteur, il fusionnera en 1999 avec l’hôpital de Brumath, distant d’une dizaine de kilomètres, pour former l’actuel Établissement public de santé Alsace Nord (EPSAN).
La catastrophe de l’usine AZF de Toulouse, en 2001, qui a ravagé un hôpital psychiatrique voisin, a scellé le destin de Hoerdt au nom du principe de précaution : plus question d’investir dans cet établissement, qui devait à l’origine accueillir tous les lits de long séjour de l’EPSAN, les autres malades étant réunis à Brumath. Les services de Hoerdt ont donc été progressivement fermés et les dernières unités devraient être abandonnées dans quelques semaines. « Une situation qui n’est d’ailleurs pas simple », souligne le directeur de l’EPSAN, Daniel Carol, « car Brumath est surchargé, et nous avons dû revoir tous nos projets en raison de l’évolution des réglementations sur les sites dangereux ». En attendant que les pavillons de l’hôpital, dont certains ne manquent pas de charme, et ses 22 hectares de terrain boisés trouvent un acheteur ou une nouvelle affectation, son personnel a souhaité en faire revivre la mémoire, avec de nombreuses manifestations historiques.
Mémoire préservée.
L’Association pour la mémoire de l’hôpital psychiatrique de Hoerdt, présidée par le directeur des soins de l’EPSAN, Jean-Marc Dosser, prépare un ouvrage historique sur l’établissement, et a organisé une remarquable exposition, « Un hôpital ferme ses portes », dans l’un des anciens bâtiments « de sûreté ». Pendant quatre jours, la population était invitée à découvrir le passé de l’hôpital, y compris la vie quotidienne des malades et du personnel. Présentée de manière thématique et riche en objets anciens, l’exposition rappelait aussi le chemin parcouru en ce qui concerne l’image même de la maladie mentale, notamment à travers des articles de journaux aux titres terrifiants, comme en 1931, par exemple, « Évasion des fous de l’asile », ou, pour illustrer une photo d’enfants dans la cour, « la promenade des petits arriérés ». Mais si l’hôpital accueillait de nombreux patients « tranquilles », il était aussi marqué, avant la guerre, par un climat très violent : les « mutineries » n’étaient pas rares, et il fallut parfois même faire intervenir le régiment d’infanterie stationné non loin de là pour ramener le calme…
Un cédérom de témoignages et de souvenirs d’anciens soignants et médecins a lui aussi été publié, afin de préserver la mémoire de Hoerdt : « Même si j’ai été le premier à m’inquiéter du voisinage de la raffinerie après l’accident de Toulouse, dit le Dr Edmond Perrier, président de la CME de l’EPSAN, je me suis battu aussi pour que le passé de l’hôpital soit conservé et transmis. »
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