L’Italie impose la vaccination obligatoire chez les plus de 50 ans, les médecins transalpins appellent à l'étendre aux plus jeunes

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Publié le 06/01/2022

Crédit photo : AFP

Craignant une nouvelle saturation du circuit hospitalier avec la remontée en flèche du nombre de nouveaux cas de contaminations depuis que le variant Omicron a planté ses drapeaux en Italie, le président du Conseil Mario Draghi a décidé de durcir les restrictions.

L’objectif du nouveau décret-loi adopté mercredi soir est d'empoisonner la vie des six millions d’Italiens anti-vaccination qui représentent 11 % de la population. Au départ, le chef du gouvernement souhaitait rendre la vaccination obligatoire dès l’âge de 40 ans. Un projet inacceptable pour la Ligue du siège au gouvernement aux côtés des démocrates et du Mouvement 5 étoiles (M5S) et qui ne veut surtout pas se fâcher avec son électorat anti-vaccination. Par ailleurs, les grands électeurs doivent élire le nouveau président de la République le 28 janvier prochain et une rupture avec la Ligue pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir du pays. Dans un contexte par conséquent extrêmement périlleux d’un point de vue politique, Mario Draghi a accepté de revoir sa copie et de temporiser.

Les Italiens de plus 50 ans non vaccinés ne pourront plus travailler

Le nouveau dispositif, qui entrera en vigueur à partir du 1er février prochain, prévoit l’obligation vaccinale pour les plus de 50 ans. Cette mesure concerne les Italiens et les ressortissants étrangers installés dans la Péninsule – soit quelque 25 millions de personnes - qui devront présenter le passe sanitaire renforcé pour accéder à leurs lieux de travail. Ce certificat déjà en vigueur depuis le 6 décembre dernier pour accéder à certains lieux publics comme les restaurants et les spectacles, peut être obtenu avec un schéma vaccinal complet à trois doses ou après guérison du coronavirus.

Les réfractaires encourent des amendes de 600 à 1 500 € et une mise à pied sans salaire après cinq jours d’absence injustifiée. Mais ils ne seront pas licenciés, une telle procédure pouvant entraîner des poursuites selon quelques constitutionnalistes. Les personnes exemptées de vaccination pour raisons médicales, mais en contact avec du public seront réorientées vers d’autres tâches professionnelles afin d’éviter le risque de propagation du virus. Les chômeurs de plus de 50 ans devront également être vaccinés sous peine d'une amende de 100 € à chaque contrôle.

Élargir l’obligation vaccinale à toutes les tranches d’âge

L’autre mesure importance concerne l’obligation de présenter un passe sanitaire pour aller dans les bureaux de poste, les banques, les magasins à l’exception des commerces de première nécessité et aussi chez le coiffeur. Pour les Italiens non vaccinés, le brushing va devenir très cher car ils devront se faire dépister à leurs frais tous les deux jours pour obtenir le certificat sanitaire « de base » délivré avec un test négatif ou au moins une dose de vaccin. À partir de lundi prochain, ce document devient également obligatoire à bord des transports en commun.

Pour la communauté scientifique, ce dispositif constitue un nouveau pas important dans le combat contre la pandémie. Mais de nombreux médecins estiment toutefois que le gouvernement manque de courage politique. « Il faut arrêter de biaiser et rendre la vaccination obligatoire le plus vite possible pour enrayer l’épidémie d’autant que d’autres variants pourraient faire leur apparition dans les prochains jours, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles réplications », estime le Pr Gianfranco Catalano, spécialisé en immunologie.

Pour la Pr Antonella Viola, l’immunologue menacée de mort par les mouvances anti-vaccination et placée sous escorte par le ministère de l’Intérieur, ce nouveau décret-loi va permettre au gouvernement de procéder par étapes pour introduire graduellement l’obligation vaccinale pour toutes les tranches d’âge. « Les plus de 50 ans sont nettement plus à risque que les jeunes, ce dispositif permet par conséquent, de protéger le circuit hospitalier et d’éviter la saturation, il est certain que le gouvernement va rapidement élargir l’obligation vaccinale aux plus de 40 ans et ainsi de suite ».

 

Ariel F. Dumont à Rome

Source : lequotidiendumedecin.fr