L’Italie s’est lancée lundi 25 mai dans le dépistage de masse avec 150 000 tests sérologiques produits par l’Américain Abbott qui a offert les kits et les réactifs au gouvernement après avoir remporté l’appel d’offres publié par le ministère de la Santé le 21 avril dernier.
Quelque 150 000 Italiens résidant dans 2 000 communes ont ainsi été sélectionnés par l’Institut de statistiques national (ISTAT) à titre d’échantillon représentatif de la population. Les dépistages gratuits et anonymes sont effectués par ponction veineuse dans les centres d’analyses publics indiqués par les Régions et les Provinces autonomes ou les laboratoires de la Croix-Rouge chargés de l’enquête.
Éviter une deuxième vague
L’objectif primordial de cette opération est de surveiller la diffusion de la contamination pour éviter une deuxième vague à l’automne prochain. Cette hypothèse est envisagée par plusieurs virologues citant l’exemple de l’épidémie de grippe espagnole qui a fait quelque 50 millions de morts entre 1918 et 1919. Ce dépistage doit également permettre d’évaluer les mécanismes liés à l’immunité à travers le dépistage des anticorps IgG. Enfin, il s'agit de dresser un tableau de la fréquence de la maladie et de brosser le profil des patients. Ces données doivent aider le gouvernement et les régions à mettre en place des politiques ciblées comme des mesures modulées pour contenir la contamination.
En cas de diagnostic négatif, les personnes ne seront soumises à aucune restriction. En revanche, les volontaires testés positifs seront immédiatement inscrits sur les registres des centres régionaux anti-Covid et devront subir un test RT-PCR. Ils seront confinés jusqu’à la publication des résultats sur le site de la sécurité sociale.
Une appli disponible dans tout le pays mi-juin
En parallèle, le gouvernement a annoncé le lancement de l’application de traçage italienne « Immuni » dans trois régions italiennes (Ligurie, Abruzzes et Pouilles) à titre de ballon d’essai à partir du 1er juin. Cette appli, qui sera disponible dans tout le pays à partir de la mi-juin, fonctionnera avec le Bluetooth ou le système GPS afin de géolocaliser l’appareil et de suivre les déplacements. Pour garantir l’anonymat, un numéro d’identification sera attribué à chaque téléphone. L’utilisateur devra renseigner, le cas échéant, ses premiers symptômes, toux, éventuelle perte du goût et de l’odorat ou rhume. Ces données devront être ponctuellement mises à jour pour permettre aux autorités sanitaires de contrôler l’évolution des conditions de santé du patient et de tracer son entourage. Tous les contacts du patient seront placés à l’isolement et devront effectuer un test RT-PCR.
Pour que les résultats soient probants, l’application devrait être téléchargée par 70 % de la population, or seulement 66 % des Italiens possèdent un smartphone. L’objectif ciblé ne sera donc probablement pas atteint, affirment les experts. Selon une enquête, l’appli n’est de plus pas très populaire de l’autre côté des Alpes, les Italiens craignant de ne plus avoir de vie privée. Un sondage publié par l’Institut de recherches Ipsos affirme que 27 % des Italiens sont contre cette application, 19 % sont prêts à télécharger Immuni, 31 % probablement et 23 % n’utilisent pas de smartphone et sont par conséquent hors jeu.
Autre question importante, ce dispositif viole-t-il la Constitution italienne ? Pour Sabino Cassese, constitutionnaliste, juge émérite de la Cour Constitutionnelle et ex-ministre de la Fonction publique, « s’agissant d’un point délicat qui touche la vie privée et la liberté individuelle, un dispositif gouvernemental est insuffisant et le Parlement doit adopter une loi autorisant l’utilisation de l’application ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation