En France métropolitaine, une personne sur dix a des difficultés à comprendre les informations sur sa santé, une proportion moindre que dans les Drom où ces difficultés peuvent toucher jusqu’à une personne sur deux. Cette première mesure de la littératie en santé de la population, menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), révèle ainsi d’importantes disparités territoriales et sociales, mais aussi le lien entre la capacité à saisir les informations et l’état de santé.
Dans cette étude publiée ce 2 juin, la littératie en santé est définie comme « l’ensemble des compétences et des connaissances permettant à une personne d’accéder aux informations nécessaires à sa santé, de les comprendre, de les évaluer et de les utiliser », soit « une des dimensions essentielles à prendre en compte pour lutter contre les inégalités sociales de santé en France ».
Un score moyen plus faible dans les Drom
Pour évaluer ces aptitudes, l’enquête santé européenne (EHIS) a intégré en 2019, pour sa troisième édition, une mesure issue d’un questionnaire international, le Health Literacy Questionnaire (HLQ). Le score varie de 1 (très grandes difficultés dans la compréhension des informations en santé) à 5 (absence de difficultés).
En France métropolitaine, 10,7 % de la population exprime avoir des difficultés de compréhension de l’information médicale (score inférieur à 3,5), une proportion légèrement supérieure à celle observée dans d’autres pays : 8,3 % en Nouvelle-Zélande et 7,8 % en Australie. Mais, dans les Drom, après standardisation par classe d’âge (les populations y étant plus jeunes), la part des personnes présentant des difficultés varie de 17,9 % en Guadeloupe à 59,6 % à Mayotte, « soit des proportions deux à six fois plus élevées qu’en France métropolitaine », souligne la Drees.
Le score moyen parmi les 15 ans ou plus est de 4,3 en France métropolitaine, un résultat identique à celui de l’enquête australienne et légèrement supérieur à celui établi en Grande-Bretagne. Mais il est « significativement plus faible dans tous les Drom », lit-on : entre 3,4 à Mayotte et 4,1 en Guadeloupe et à la Réunion.
Il n’existe en revanche pas de différence significative entre hommes et des femmes, « excepté en Guyane et à Mayotte », où « le score moyen des femmes est significativement inférieur à celui des hommes après standardisation sur l’âge (respectivement 3,7 contre 3,9 et 2,7 contre 3,2) », est-il indiqué.
Autre spécificité des Drom : si, comme en métropole, les 75 ans ou plus expriment plus de difficultés que les plus jeunes, dans trois Drom (Réunion, Guadeloupe et Mayotte), la proportion de personnes ayant des difficultés augmente significativement dès l’âge de 65 ans.
Un lien fort entre littératie et état de santé
Différents facteurs de risque de difficultés en littératie en santé sont identifiés : les compétences cognitives ou psychosociales, le niveau d’études, le statut social et la maîtrise de la langue. Et ces difficultés sont corrélées à l’état de santé déclaré. En métropole, « le score moyen varie de 3,4 pour les personnes déclarant un très mauvais état de santé (2 % de la population) à 4,6 pour celles déclarant un très bon état de santé (26 % de la population) », est-il relevé. Et, environ un tiers des personnes déclarant un état de santé mauvais ou très mauvais ont des difficultés en littératie en santé, « soit trois fois plus que pour l’ensemble de la population », lit-on.
Par rapport aux personnes déclarant un bon état de santé, « il y a 11 fois plus de personnes avec des difficultés en littératie en santé parmi celles déclarant un très mauvais état de santé en France métropolitaine, 13 fois plus en Guadeloupe, neuf fois plus à la Réunion, près de six fois plus en Martinique et un peu plus de quatre fois plus en Guyane », est-il ajouté. Une association similaire est observée entre le niveau de littératie en santé et le fait de déclarer une maladie chronique.
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