NOUS POUVONS en finir un jour avec les déficits publics, mais la France ne pourra pas devenir la copie conforme de l’Allemagne actuelle. Pour diverses raisons : le triomphe économique et commercial de l’Allemagne ne durera pas si elle obtient, chez ses partenaires, les réformes qui en feront un marché moins lucratif pour ses exportations ; les Français n’ont pas intérêt à transformer leur modèle social, qui a prouvé qu’il les protégeait partiellement en temps de crise ; le marché européen est un jeu de vases communicants : les réformes de Gerhard Schröder, ex-chancelier, dont M. Sarkozy a dit tout le bien qu’il pensait, n’ont réussi que parce que, justement, les autres puissances économiques d’Europe ne les avaient pas adoptées ; le temps de la seule austérité est passé : il faut à la France de la croissance et, si elle en veut vite, elle ne peut compter, pour le moment, que sur la consommation.
L’horizon n’est pas plus clair.
On est donc en droit de s’interroger sur l’obsession allemande de Nicolas Sarkozy. L’Allemagne, au cours de la décennie écoulée, a incontestablement réussi son redressement : cela fait plusieurs années qu’elle engrange des excédents commerciaux qui ne sont rien d’autre que les déficits de la France et d’autres pays membres de l’Union. Elle y est parvenue au prix d’une cruelle modération des salaires, lesquels n’ont pu être augmentés à cause de la crise mondiale ou à cause de la Chine : depuis quatre ans, l’horizon ne s’est jamais éclairci pour la vieille Europe. Tôt ou tard, les salariés allemands exigeront leur dû et il n’est pas exclu qu’Angela Merkel soit à son tour chassée du pouvoir lors des élections de 2013.
Ces considérations n’enlèvent rien à la nécessité, pour la France, de mettre un terme à ses déséquilibres. Elle limitera le service de la dette si elle cesse d’emprunter. Elle cessera d’emprunter quand elle présentera de façon permanente, année après année, des budgets en équilibre. Elle pourra alors trouver les ressources pour moderniser son industrie et fabriquer des produits innovants. De ce point de vue, l’Allemagne a bel et bien montré la voie et il faut s’inspirer de son exemple. Elle n’en a pas moins une dette élevée et les succès qu’elle a remportés contre le chômage sont fragiles. Preuve qu’il n’existe pas de solution miracle et pas de modèle universel ou éternel. Il ne suffit pas de devenir champion temporairement, il faut aussi assainir les règles du commerce international, dont la seule libéralisation est porteuse de graves dysfonctionnements dont nous payons le prix élevé. Sans espérer le retour à un protectionnisme dangereux, on peut exiger des partenaires commerciaux de l’Europe qu’ils respectent un certain nombre de règles de réciprocité, par exemple qu’ils s’opposent à la copie des produits de luxe français, qu’ils prennent en compte l’indispensable sécurité de leurs produits, et les normes environnementales, qu’ils ouvrent leur marché comme le nôtre leur est ouvert.
LE RETOUR DE LA ZONE EURO AUX ÉQUILIBRES SE FERA AU DÉTRIMENT DE L’ALLEMAGNE
M. Sarkozy a tout à fait raison de célébrer l’amitié et la coopération franco-allemandes. Ce n’est pas pour des raisons de sympathie personnelle entre les dirigeants ou d’osmose culturelle entre les deux peuples que la France et l’Allemagne se sont rapprochées mais parce que leurs intérêts sont indissociables, en temps normal et a fortiori en temps de crise. Il n’empêche que la chancelière n’a perçu, jusqu’à présent, que les effets de la crise sans trop s’intéresser à ses causes. L’Allemagne a conduit contre la Grèce une campagne de dénigrement, soutenue par la simple loi du plus fort, laquelle ne correspond guère à l’esprit de l’Union européenne, même si les Grecs sont les principaux responsables des malheurs qui les accablent. Il n’empêche que la Grèce, comme le reste de l’Europe, est la cliente de l’Allemagne et que le modèle allemand s’est nourri de ses ventes à l’étranger. On ne vend pas si on n’a pas un acheteur. Le premier signal d’un retour aux équilibres dans les pays de la zone euro sera la baisse de leurs importations en provenance d’Allemagne et la réduction de leurs déficits commerciaux.
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