Qu’on se le dise, la journée de mardi 19 mai promet, selon Michel Chassang, président du CNPS (*), d’égaler en écho celle des hospitaliers du 14 mai. Au programme de cette journée « nationale et décentralisée », des grèves à la japonaise, des communications avec les patients, sans oublier une « action symbolique », toujours selon Michel Chassang qui ne veut cependant pas en dire plus sur le sujet « pour ne pas voir débarquer les cars de CRS avant même que cette action n’ait débuté ».
Car les professionnels de santé libéraux ne sont pas en reste par rapport aux hospitaliers, et veulent bouter cette loi hors de leurs cabinets.
Les masseurs-kinésithérapeutes donnent le la de la contestation. Tristan Maréchal, président du SNMKR (Syndicat national des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs), estime ainsi d’une manière générale que la loi HPST veut tout réformer, « mais avec une dérive technocratique » qui l’inquiète au plus haut point. Pour lui, les patrons des futures ARS « disposeront d’un pouvoir exorbitant, ils pourront gérer jusqu’aux implantations de professionnels libéraux », mais sans nécessairement disposer des budgets correspondants : « en général, assure-t-il, quand l’état se défausse sur les régions, les budgets ne suivent pas. Avec cette loi, les libéraux auront le statut et les responsabilités d’un libéral, mais seront payés comme des salariés. Elle va contribuer à instaurer un contrat de méfiance entre les tutelles et les libéraux ». Certes, le SNMKR se réjouit de voir le testing abandonné par le Sénat, et de voir renforcé le poids des professionnels de santé dans la gouvernance des hôpitaux, mais il rejette en bloc une loi qui va selon lui « pérenniserla gabegie hospitalière ». Pas étonnant dans ces conditions que Tristan Maréchal se dise « clairement sur la même longueur d’onde que le CNPS » dans son combat contre la loi HPST.
Arrêt de mort.
Du côté de la biologie libérale, on n’est pas plus tendre envers ce projet de loi. Pour le Dr Claude Cohen, président du Syndicat national des médecins biologistes, la loi HPST est certes décrite comme « une catastrophe pour la médecine libérale avec notamment les ARS qui auront pouvoir de vie et de mort sur les professionnels de santé », mais les biologistes ont en outre des motifs d’inquiétude qui leur sont propres. Car l’article 20 du projet de loi, qui renvoie à des ordonnances une prochaine réforme de la biologie libérale, « signe notre arrêt de mort », selon le Dr Cohen. En cause bien sûr, ce système de législation par ordonnances dans lequel « il n’y a rien à négocier », d’autant que rien n’est dit dans l’article 20 « qui permette de garantir la survie de la biologie libérale ». Pour Claude Cohen, qui a pris connaissance du projet d’ordonnance en cours de rédaction, tout, du système d’accréditation à la mise en place de laboratoires de biologie « de dimension industrielle » y serait rédigé de manière à favoriser la main-mise des financiers dans ce domaine. « La réforme de la biologie aurait mérité une loi à elle toute seule, regrette-t-il, on nous cantonne à un simple article et à de futures ordonnances, c’est un chèque en blanc donné au gouvernement ».
C’est peut-être du côté des sage-femmes libérales qu’il faut chercher un soutien (bien timide) au projet de loi. Aucun syndicat de cette profession, membre du CNPS, n’était joignable , mais à l’Ordre national, on indique juger positivement l'élargissement de leurs compétences prévu par le texte. Les sages-femmes se félicitent de pouvoir ainsi « participer de façon plus efficace aux politiques destinées à l’amélioration de la santé des femmes », même si elles regrettent que ce projet de loi « ne s’accompagne d’aucune revalorisation salariale ou statutaire de la profession ».
(*) : qui regroupe des syndicats de médecins, d’infirmiers, de kinés, d’infirmiers, de dentistes, de pharmaciens, de biologistes, de sage-femmes et de podologues libéraux, pour ne citer qu’eux.
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