Un électrochoc pour la majorité

L’offre des « quatre mousquetaires »

Publié le 08/09/2010
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LE CONTENU de la tribune publiée samedi dernier par « Le Figaro » n’est pas révolutionnaire. Il ne s’agit pas du tout de changer de politique économique et sociale, bien au contraire. L’intérêt de l’article réside plutôt dans l’identité de ses signataires, dont trois au moins, dans leurs fonctions actuelles (M. Copé préside le groupe UMP à l’Assemblée, M. Baroin est ministre du Budget, M. Le Maire a accepté d’entrer au gouvernement de François Fillon sans renier Dominique de Villepin), ont administré déjà la double preuve de leur attachement au chiraquisme et de leur entière loyauté au président Sarkozy. Député de Seine-et-Marne, Christian Jacob, en revanche, a refusé de participer au gouvernement, ce qui semble indiquer une certaine méfiance à l’égard des méthodes du chef de l’État. Mais les trois autres, jusqu’à présent, ont navigué avec brio sur une crête fragile, celle d’une action qui ne porte pas atteinte à la cohésion gouvernementale.

L’assurance de Copé.

Ce qui est important, dans leur démarche, c’est leurs intentions politiques. À une majorité très inquiète pour son avenir, ils apportent un espoir ; à la place d’une gouvernance jalonnée par des propos intempestifs ou des gaffes sérieuses, ils suggèrent une méthode plus sobre et plus axée sur le contenu que sur le contenant ; face à la perspective d’une victoire annoncée de la gauche en 2012, ils envisagent une galvanisation et surtout une réunification de l’UMP susceptibles de contrecarrer ce qui apparaît aujourd’hui comme une fatalité. Il se peut que ce projet, décrit en quelques mots, ne survive pas aux tempêtes politiques à venir.

COPÉ EST LE DEUX EX MACHINA DE TOUTE L’AFFAIRE

Mais il se peut aussi que Nicolas Sarkozy soit séduit par ce qu’il a d’irrésistible. Sans que cela n’entame le moins du monde les qualités respectives de MM. Baroin, Jacob et Le Maire, qui sont grandes, il faut comprendre en effet que Jean-François Copé, une fois de plus, est le deux ex machina de toute l’opération. Il y a incontestablement chez cet homme jeune, mais qui a déjà une belle carrière politique derrière lui, une assurance exceptionnelle. Depuis trois ans, loin d’accepter une portefeuille, il se situe, avec une habileté remarquable, dans une contestation des errances du pouvoir assortie d’une loyauté indéniable au programme du président, qu’il s’agisse du TEPA, de la politique sécuritaire et d’immigration ou de la réforme des retraites. Il se sert souvent de son ascendant avec brutalité. Il n’a pas hésité à se dresser avec désinvolture contre le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, et se livre aujourd’hui à une attaque cruelle contre Xavier Bertrand, qui n’aurait pas su, selon lui, combattre les menées de l’opposition contre l’évacuation des Roms. En fait, c’est l’emploi de M. Bertrand, secrétaire général de l’UMP, qu’il brigue, non parce qu’il serait plus prestigieux que celui de ministre, dont M. Copé ne veut toujours pas, mais parce que le leadership de la majorité constitue un instrument essentiel pour combattre les échéances électorales et pour assurer à M. Copé la position centrale qui lui permettrait de préparer à son avantage la présidentielle de 2017 à laquelle il n’a jamais caché qu’il serait candidat.

Contre un fracture de l’UMP.

Ses trois compères n’ignorent rien des arrière-pensées de M. Copé mais distinguent clairement l’importance d’un resserrrement de la majorité autour de la bataille électorale qui se profile ; et, au fond, ils sont d’accord pour que Dominique de Villepin, candidat probable en 2012, n’assure pas la victoire de la gauche en arrachant quelque huit pour cent des voix à Nicolas Sarkozy. M. Copé contemple l’horizon à sept ans, en sachant pertinemment que, si la gauche l’emporte en 2012, sa propre candidature ultérieure serait fort compromise ; MM. Jacob, Le Maire et Baroin observent une ligne d’horizon beaucoup plus proche et s’inscrivent contre une fracture de l’UMP.

Il est plus probable que M. Sarkozy les laissera faire. Bien qu’il soit responsable du comportement de ses ministres et de M. Bertrand dans la mesure où il ne leur jamais laissé d’autre choix que la servilité, conduite à laquelle les « quatre mousquetaires » ont su échapper, il n’est pas du tout content des résultats produits par leur excessive obéissance. Il mesure parfaitement le danger que présente M. de Villepin. Il n’a jamais ignoré l’énorme ambition de M. Copé et s’en est toujours accommodé. Quoi qu’il en dise, il se sent assez affaibli pour ne pas rejeter une main secourable qui a le mérite d’être guidée non par la pitié mais par la logique.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 8810