En pleine polémique autour du logo nutritionnel, le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) publie une étude comparant trois représentations graphiques du logo à 5 couleurs (5-C), pour identifier le plus pertinent en termes de compréhension, de perception et d'impact potentiel sur les consommateurs.
Le logo 5-C, en concurrence avec 3 autres logos dans le cadre d'une expérimentation en vie réelle depuis le 26 septembre (voir encadré), a été choisi après que plusieurs études scientifiques l'ont plébiscité, et qu'en juin 2015, le Haut Conseil de la santé publique a recommandé sa mise en place. « Cependant, la représentation graphique optimale de ce système 5-C reste à définir », expliquent les auteurs Angélique Nugier, Anne-Juliette Serry, et Viêt Nguyen Thanh.
Trois formats de logo ont donc été testés auprès d'un échantillon de 3 000 personnes, âgées de 15 à 86 ans. Chacune, exposée à un seul logo, était invitée à classer trois produits de la même famille (yaourts, pizzas, produits apéritifs) en fonction de leur qualité nutritionnelle (meilleure, intermédiaire ou moins bonne).
Le premier logo se présente sous la forme d'une échelle horizontale de 5 couleurs, allant du vert à l'orange foncé (en écho aux feux tricolores). Le second reprend les 5 tons de l'échelle proposée aux autorités par l'équipe du Pr Serge Hercberg dans un rapport remis en 2013 (vert, jaune, orange, rose, rouge). Le troisième est un demi-camembert, plus compact, reprenant les couleurs du logo 1.
Victoire du logo 1
Le logo 1 sort gagnant de la comparaison, que ce soit en termes de compréhension objective (permet-il d'identifier correctement le niveau de qualité nutritionnelle du produit ?) et subjective (est-il facile à comprendre ?). Ainsi, 82 % des répondants reconstituent systématiquement les trois combinaisons correctes avec le premier logo, contre 77 % pour les deux autres. Et 9 participants sur 10 jugent les logos 1 et 2 compréhensibles (vs 87 % pour le logo 3), le logo 1 raflant davantage de « tout à fait d'accord » que le 2 (50 % vs 45 %). Le logo 1 est aussi le mieux compris par les publics les moins favorisés, les moins diplômés et ceux qui se disent les plus en difficulté à lire les informations nutritionnelles sur les emballages.
En termes de perception, le logo 1 plaît à 87 % des répondants, contre 85 % pour le logo 3 et 83 % pour le logo 2, le dégradé de couleurs (calquant les feux tricolores) semblant plus intuitif que les 5 couleurs, tout comme la forme. Près de 7 personnes sur 10 appréciaient le nom « nutri-score », surtout lorsqu'il était associé au logo 1.
Ce logo 1 recueille enfin des résultats significativement supérieurs en termes d'aide pour limiter les produits alimentaires moins bons pour la santé et de capacité à faire réfléchir à la qualité nutritionnelle des aliments achetés. Près de 89 % des répondants déclarent avoir l'intention de tenir compte de ce logo 1 pour choisir leurs aliments, contre 86 % pour le logo 2, et 84 % pour le logo 3.
Enfin, tous formats de logos confondus, 86 % des répondants estiment qu'une marque qui se prêterait au jeu de l'affichage simplifié est responsable, 80 % la jugent transparente, et 83 % trouvent qu'elle inspire confiance. Pour rappel, le score nutritionnel ne figure pas sur la liste des informations obligatoires selon la réglementation européenne et les industriels ne sont donc pas obligés de s'y soumettre.
Intérêt de mettre en place un logo
Les auteurs concluent à l'intérêt de mettre en place un système d'affichage simplifié, d'autant que 38 % des personnes interrogées considèrent être mal informées sur l'alimentation. Si plus de la moitié des sondés dit avoir l'habitude de lire la composition nutritionnelle indiquée sur les emballages, une majorité d'entre eux (59 %) la considère peu lisible. Une tendance qui semble empirer, puisqu'en 1996, 80 % la juge compréhensible, vs 44 % dans le dernier baromètre santé.
Enfin, près d'un quart des participants perçoit le logo, quel qu'il soit, comme culpabilisant. Mais les trois quarts le disent utile et auraient l'intention d'en tenir compte pour leurs achats, nuancent les auteurs.
D'autres études complémentaires, notamment en vie réelle, sont nécessaires, avance l'étude, notamment pour évaluer l'impact des logos auprès des plus précaires et pour dépasser les biais qui tiennent au caractère déclaratif de cette enquête.
Des résultats attendus fin janvier
Le directeur du Fonds français alimentation santé (FFAS) qui co-finance l'expérimentation dans 60 supermarchés sur fonds privés Daniel Nairaud a par ailleurs indiqué à l'AFP que les résultats seront connus « fin janvier », et non à la fin de l'année. Le comité chargé d'analyser les données sera désigné le 3 novembre (et non fin septembre, comme prévu initialement) et devrait s'appuyer sur des statisticiens de l'École d'Économie de Toulouse, a-t-il précisé.
À l’issue de leurs travaux, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) remettra un avis au ministère de la Santé, qui devrait prendre une décision avant l'élection présidentielle de mai prochain, assure le directeur du FFAS. Qui cherche à calmer la polémique, après deux vagues successives de démission au sein du comité scientifique, en avril, puis en juillet. Le comité a été renforcé avec l'arrivée d'Ambroise Martin, professeur nutrition à Lyon I et de Stefan de Henauw, professeur de santé publique à l'Université de Gand (Belgique).
Un nouveau membre spécialiste en santé publique devrait arriver prochainement, assure encore Daniel Nairaud.
Sur Internet, la pétition appelant à mettre en œuvre le logo 5-C a recueilli plus de 237 250 signatures.
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