LA PREMIÈRE mouture du PNSE, en 2004, avait fait émerger la santé-environnement en tant que thématique à part entière. La deuxième édition, fruit d’une large consultation avec les représentants des associations, élus, salariés, employeurs, agences publiques et organismes spécialisés, s’inscrit dans la ligne des engagements du Grenelle de l’environnement. Aujourd’hui, constate le Pr Marc Gentilini, auteur du rapport remis à Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, et sa secrétaire d’État Chantal Jouanno, « l’impact de la dégradation de l’environnement sur la santé humaine est à la fois une des préoccupations majeures de santé publique et un thème écologique central, au même titre que la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité. L’OMS, rappelle le président honoraire de l’Académie de médecine, estime à 15 % les pertes de santé liées à l’environnement dans les pays d’Europe de l’Ouest. » Le rapport identifie les différentes substances chimiques, agents biologiques ou physiques qui, via l’air, l’eau, l’alimentation et les sols, agressent la santé humaine et il propose 62 actions concrètes pour protéger la santé publique.
Priorité aux personnes vulnérables.
En tout premier lieu, il appelle à réduire les inégalités d’origine environnementale devant la maladie et la mort. Car, souligne-t-il, certains groupes de personnes vulnérables se révèlent particulièrement sensibles aux pollutions : c’est le cas des enfants, des femmes enceintes et des femmes en âge de procréer, pour lesquels il propose de réduire l’exposition aux produits cancérigènes, neurotoxiques, reprotoxiques, ainsi qu’aux perturbateurs endocriniens.
Les personnes vulnérables en raison de leur état de santé font aussi l’objet de mesures de protection particulières, notamment celles atteintes d’un cancer, ou qui présentent un risque particulier de cancer, les victimes des allergies et celles qui souffrent de pathologies potentiellement dues à l’environnement. Les allergies aux pollens, qui touchent 15 à 20 % de la population française, doivent ainsi faire l’objet d’une meilleure surveillance, en parallèle avec le suivi de l’augmentation des allergies alimentaires.
Enfin doivent être considérées comme particulièrement sensibles les personnes vulnérables du fait de leur condition économique et sociale. Le rapport rappelle que 600 000 logements du parc privé sont « indignes », au mépris du droit universel à un logement sain. Il demande donc de prévenir l’insalubrité due à la suroccupation, de créer des mesures d’accompagnement social, de lutter contre la précarité énergétique, de garantir un droit à l’eau potable à chacun, « qu’il soit ou non en mesure d’en payer le prix ».
L’exposition géographique est en outre un facteur aggravant d’inégalité, qui fait l’objet de plusieurs propositions : suivi sanitaire après une catastrophe, gestion des sols pollués, réhabilitations des zones contaminées, notamment outre-mer, évaluation de l’impact des différents modes de gestion des déchets, réduction des nuisances liées au bruit. Toujours au chapitre géographique, l’exposition aux rayonnements solaires ultraviolets (principale cause environnementale de cancer cutané), au radon, gaz radioactif naturel (deuxième facteur de risque de cancer du poumon), à l’amiante (sites naturels et sites industriels) doit faire l’objet d’un suivi amélioré.
Les problématiques nouvelles liées à la détection et la gestion des risques et pathologies émergents n’ont pas été oubliés dans ce très vaste inventaire : plusieurs mesures sont proposées afin de renforcer la prévention sur les ondes électromagnétiques et les nanotechnologies, ainsi que pour améliorer la connaissance et la réduction des risques liés aux rejets de médicaments dans l’environnement.
Au passage, la formation initiale et continue des professionnels de santé doit être développée pour mieux intégrer la dimension santé environnement.
Réaliste, le Pr Marc Gentilini ne prétend pas que son plan a vocation à intégrer l’ensemble de ces mesures quand elles sont déjà actées par d’autres plans ; Il insiste plutôt sur l’intérêt d’une articulation des priorités et des actions entre les uns et les autres, mettant en avant le caractère « transversal et englobant » du PNSE 2. Le gouvernement se donne maintenant quelques semaines pour faire connaître le détail définitif des mesures qu’il retiendra.
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