L'Ordre national des médecins persiste et signe. Après avoir esquissé son projet lors de la grande conférence de la santé, en février 2016, il a affiné ses propositions avec le renfort des conseils départementaux.
L'approche de l'élection présidentielle a pesé dans la volonté ordinale d'expliciter son projet. « Nous avons le sentiment que les candidats n'ont pas pris la mesure de l'urgence » de réformer, tacle le président de l'Ordre. Appelant à une « révolution », le Dr Patrick Bouet estime que le système de santé français « est au bord de l'explosion », et ne tient que grâce à l'engagement des professionnels.
Haut débit et télémédecine
Le projet ordinal s'articule autour de trois priorités. La première est de substituer au mille-feuille territorial actuel (GHT, communautés de territoire, secteurs de PDS...) un échelon territorial unique, le bassin de proximité santé (nommé BPS). Il rassemblerait l'ensemble de l'offre de soins de proximité, avec une réelle autonomie dans la prise en charge de la population. Un comité opérationnel regrouperait professionnels et usagers sous la responsabilité des élus locaux.
Deuxième priorité : alléger et décloisonner l'exercice. Il s'agit surtout de libérer du temps médical grâce à la promotion de l'exercice regroupé, l'équipement en haut débit, la télémédecine ou encore la mutualisation des moyens administratifs. L'Ordre entend aussi améliorer la protection sociale des médecins. « Certains découvrent au XXIe siècle que les femmes médecins font des enfants... comme les autres femmes », ironise le Dr Patrick Romestaing, vice-président de l'Ordre.
Il convient également de faciliter les coopérations inter et intraprofessionnelles grâce à une meilleure coordination des soins sous la houlette des médecins traitants. L'Ordre veut au passage simplifier les relations avec les organismes gestionnaires grâce à la désignation, pour chacun d'entre eux, d'un interlocuteur unique.
Présélection
La troisième priorité porte sur la formation. « Les compétences délivrées ne correspondent plus aux besoins des territoires », tranche l'institution. L'Ordre propose de régionaliser le numerus clausus à partir des capacités de formation des facultés et des possibilités de stages. Objectif : « former les médecins dont nous avons besoin et non pas les internes dont les centres hospitaliers ont besoin », résume le Dr Bouet.
L'Ordre préconise aussi une présélection avant la PACES (première année commune), prenant en compte « la motivation ou les qualités d'empathie » des candidats, afin de limiter les taux d'échec. Pour mieux répartir les médecins, le CNOM propose une régionalisation des ECN. Enfin, l'institution appelle de ses vœux une recertification des médecins tous les six ans dont les résultats pourraient être pris en compte dans la rémunération.
L'institution adressera ce projet aux candidats à l'élection présidentielle. Dès le 17 mars, elle publiera les réponses des candidats.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation