« La nicotine est très addictive et les inhalateurs électroniques de nicotine sont dangereux et doivent être mieux réglementés », a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ce mardi 27 juillet, à l'occasion de la publication du 8e rapport sur l'épidémie mondiale de tabagisme de l'agence onusienne*. L'OMS appelle à contrecarrer les stratégies des industrielles pour attirer des clients.
Le rapport note que les fabricants de ces produits, dont la palette ne cesse de s'agrandir, prennent souvent les enfants et les adolescents pour cible principale, à coups de milliers d'arômes alléchants - 16 000 différents ont été répertoriés - et de déclarations rassurantes.
Protéger les populations, en particulier les enfants
« Alors que les ventes de cigarettes reculent, les entreprises du tabac ont agressivement promu de nouveaux produits comme les cigarettes électroniques ou les produits à base de tabac chauffé et ont démarché les gouvernements pour qu'ils limitent leur réglementation, a accusé le milliardaire Michael Bloomberg, ancien maire de New York, impliqué dans la lutte contre le tabagisme. Leur but est simple : rendre une nouvelle génération accro à la nicotine et nous ne pouvons pas les laisser faire. »
Pour le Dr Vinayak Prasad, responsable de la campagne Pas de tabac à l'OMS, le fait de cibler les enfants est « un acte criminel ». Il met en garde : « Nous ne pouvons courir aucun risque avec les enfants parce que le développement cérébral est affecté et ils courent le risque d'être addict toute leur vie. »
Tedros Adhanom Ghebreyesus appelle ainsi à ce que les gouvernements adoptent des mesures adéquates pour protéger leur population de ces inhalateurs électroniques de nicotine, et « empêcher que les enfants, les adolescents et d'autres groupes vulnérables ne les utilisent ». Néanmoins, la réglementation dans ce domaine est complexe, car « ces produits sont très divers et évoluent rapidement », a souligné le Dr Rüdiger Krech, directeur pour la promotion de la santé à l'OMS.
Ne pas renormaliser l'acte de fumer
L'OMS recommande aux gouvernements de faire le nécessaire pour empêcher les non-fumeurs d'utiliser ces dispositifs, de crainte notamment de « renormaliser » l'acte de fumer en société.
Selon le rapport, 32 pays interdisent la vente de ces inhalateurs électroniques de nicotine et 79 ont adopté au moins une mesure pour en limiter l'usage comme l'interdiction de la publicité. Mais 84 pays n'ont pas de garde-fous contre le déploiement de ce type de produits.
L'agence souligne aussi que les efforts pour les réguler ne doivent pas faire oublier la lutte contre le tabagisme. Si la proportion de fumeurs a baissé dans de nombreux pays, la croissance de la population fait que le nombre total de fumeurs reste « obstinément élevé », est-il noté dans le rapport. Le tabagisme tue 8 millions de personnes par an dont 1 million du tabagisme passif.
* Réalisé conjointement avec Bloomberg Philanthropies.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation