Entre 2005 et 2014, le revenu annuel moyen des médecins libéraux a progressé seulement de 1 % par an en euros constants. Ce constat de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES, ministère) est d'autant plus intéressant à la lumière de deux facteurs démographiques – la féminisation croissante et le vieillissement de la profession – qui ont freiné la hausse moyenne des bénéfices. À l’inverse, le poids croissant du secteur II a dopé légèrement les revenus.
Selon les experts, et toutes choses égales par ailleurs, l'augmentation annuelle des revenus des médecins libéraux aurait été deux fois plus élevée (1,9 % par an) si, sur la base de ces trois critères (sexe, âge, secteur) les praticiens de 2014 étaient les mêmes que ceux de 2005. Mais les caractéristiques sociodémographiques de la profession « se sont fortement modifiées » en neuf ans, ce qui a joué directement sur les résultats.
Pic d'activité… avant 50 ans
Selon quelle proportion ? Au cours de la période, le niveau d’activité moyen des praticiens libéraux a diminué « sous l’effet du vieillissement de la profession [âge moyen passé de 50 à 54 ans] et de sa féminisation [27 % en 2005, 32 % en 2014] l’activité des femmes étant légèrement plus faible que celle des hommes », peut-on lire. Ces deux facteurs démographiques (âge, sexe) ont ralenti l'évolution du revenu d'activité libérale – respectivement de 0,6 point et de 0,3 point.
Selon le poids de chaque facteur, ces effets de structure sont plus ou moins sensibles selon les spécialités. Ainsi, le revenu libéral des pédiatres (discipline très féminisée) ou des psychiatres a diminué en euros constants de 0,3 % par an, alors que celui des pneumologues a progressé de 2,4 % par an. Selon cette enquête, le revenu libéral des médecins femmes est « en moyenne inférieur de 36 % » à celui de leurs homologues masculins, en raison d'une activité moindre (30 % en moyenne mais 42 % chez les chirurgiens).
Le revenu est également très dépendant de l'âge puisqu'il augmente dans les premières années qui suivent l'installation pour atteindre un pic entre 45 et 49 ans, avant de « décroître de manière importante ». « Le revenu des médecins âgés de 60 à 64 ans est inférieur de 13 % à celui des médecins âgés de 45 à 49 ans », peut-on lire. Et après 65 ans, l'érosion atteint 26 %...
Les médecins âgés de « 55 ans et plus » sont devenus majoritaires (56 %) en 2014 alors qu'ils ne représentaient qu'un tiers des praticiens en exercice neuf ans plus tôt. L'évolution est criante en stomatologie (79 % ont plus de 55 ans en 2014) mais la progression des praticiens en fin de carrière a également bondi en dermatologie (65 % ont plus de 55 ans), pneumologie (62 %) et rhumatologie (63 %). « Ces changements influent sur les revenus moyens », résume la DREES. En revanche, une minorité de chirurgiens libéraux a plus de 55 ans (42 %), signe de l'attractivité de la discipline.
Honoraires libres
Si la féminisation et le vieillissement rabotent les revenus moyens, l'essor des installations en secteur II a légèrement joué à la hausse (+0,1 point).
De fait, 62 % des jeunes spécialistes installés depuis cinq ans ou moins (en 2014) ont choisi le secteur à honoraires libres, alors que c’est le cas de seulement 40 % des spécialistes installés depuis plus longtemps. L'effet dopant se fait sentir surtout sentir en anesthésie. « C’est la seule spécialité pour laquelle l’effet de l’augmentation de la part des praticiens en secteur II l’emporte sur le vieillissement et la féminisation qui, eux, le minorent », détaille la DREES.
Toutes spécialités confondues, le revenu libéral moyen est de 102 300 euros en 2014. Dans le détail, les radiologues (191 500 euros), les anesthésistes (189 800 euros) et les ophtalmologistes (161 600 euros) sont les mieux lotis. À l'autre bout de la pyramide, on retrouve les cliniciens – psychiatres et neuropsychiatres (72 400 euros), les pédiatres (74 900 euros) et les omnipraticiens (81 600 euros).
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