FRANÇOIS HOLLANDE semble avoir pris la mesure du danger. Il aurait partagé la tâche avec son « meilleur » ministre, Manuel Valls, lequel serait chargé de rassurer les populations qu’inquiètent l’immigration et l’insécurité tandis que le chef de l’État s’apprête à parcourir l’hexagone pour prêcher l’évangile économique et social. Ce ne sont pas des efforts négligeables, même s’ils ne suffisent pas à faire reculer le Front, lequel continuera à progresser tant que la politique du président n’apporte pas de résultats tangibles dans les deux domaines du pouvoir d’achat et de l’emploi. On saura dimanche soir si, en dépit du soutien de la gauche à la candidate UMP à Brignoles, les forces républicaines seront parvenues à faire reculer le FN. C’est plus un symbole qu’un test réel, mais s’il gagne, le Front, avec son triomphalisme habituel, ne manquera pas de bomber le torse et d’annoncer « la fin de l’UMPS ».
Opposition du dedans et du dehors.
M. Hollande est pris en tenaille entre une droite qui exige qu’il aille au bout des réformes et qu’il prenne tous les risques politiques possibles pour redresser le pays, fût-ce au prix d’une trahison de ses promesses électorales, et une nébuleuse de gauche qui va du Front de gauche, dans l’opposition, aux Verts et à cette partie du PS qui, tout en restant dans la majorité, n’hésitent jamais à critiquer une politique qu’ils jugent insuffisamment sociale. Sa cote de popularité, qui se situe à 23 %, traduit sa solitude : il n’est guère approuvé que par un quart de l’opinion, ce qui le prive des armes dont il a besoin pour passer à l’offensive. L’ascension irrésistible du Front national l’oblige à se battre sur trois fronts : contre la droite classique, contre l’extrême droite parce qu’elle pompe une partie de son électorat, et contre la gauche de la gauche qui méprise ses réformes. Ce combat est le plus dur : il feint de tenir pour acquis le soutien des socialistes en désaccord avec lui, soit parce qu’ils se taisent, comme Martine Aubry, soit parce qu’ils marquent leur différence sans jamais franchir la ligne rouge, comme Benoît Hamon. Du côté des Verts, il s’efforce de ménager Cécile Duflot qui, dans un autre contexte, aurait été limogée comme le fut Delphine Batho, après avoir attaqué Manuels Valls en des termes que le ministre de l’Intérieur a jugé insultants.
Ces querelles étouffées, ces dissonances traitées par la surdité, ces éruptions subites mais vite oubliées témoignent toutes de la position très inconfortable qu’occupe le président. Il craint comme la peste le résultat des élections municipales de 2014 qui pourrait annoncer des jours très difficiles pour la majorité. Il se rend compte que ce que réclament à la fois l’extrême droite et l’extrême gauche, c’est d’engager une politique sociale qui satisferait les pauvres et la classe moyenne mais achèverait la France. C’est pourquoi sa politique fiscale est incohérente ; c’est pourquoi sa réforme des retraites est nulle et non avenue ; c’est pourquoi il se lance tantôt dans un flirt avec les entreprises créatrices d’emplois, tantôt dans l’adoption en urgence des mesures qui exonèrent les ménages les plus modestes de l’impôt sur le revenu.
Une chose est sûre : aujourd’hui, le FN a à peu près le poids d’un grand parti, comme le PS et l’UMP. Il est donc en mesure de jouer dans les prochains rendez-vous électoraux un poids comparable à celui de Jean-Marie Le Pen en 2002. Même si la droite est morcelée par les batailles d’ego, le Front, pour se faire valoir, concentrera ses tirs sur le pouvoir en place. La France s’est engagée dans le quinquennat sur un malentendu. Elle a élu François Hollande sur des promesses économiques et sociales qu’il ne pouvait pas tenir. Il a réalisé les réformes de société qu’il avait annoncées, mais il a trop compté sur une croissance fantôme pour régler les problèmes de chômage et de pouvoir d’achat. Un temps précieux a été perdu. Le résultat, c’est l’arrivée en force du Front.
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