La procédure qui consiste à évacuer un campement sans que les autorités ne fournissent un logement aux personnes qui y vivent est, objectivement, absurde. Le « nettoyage » d’un lieu calme la colère ou l’agacement des riverains, il ne résout pas le problème. Les migrants, qu’ils soient demandeurs d’asile ou non, se regroupent dans un autre lieu de la ville. Il s’est donc produit à Paris ce qui se passe depuis longtemps à Sangatte ou Calais : des immigrés désireux de se rendre en Grande-Bretagne occupent des lieux où n’existe aucune des conditions matérielles et sanitaires qui rendraient leur séjour décent. Les gouvernements précédents et actuels se sont employés à disperser ces hommes ou femmes privés de tout, sans papiers la plupart du temps, sans toit et sans nourriture et qui ne peuvent compter que sur la générosité des associations à but humanitaire.
Si le spectacle de la misère est insupportable, il faut loger, nourrir et blanchir les immigrés clandestins tant qu’ils séjournent en France. Les renvoyer dans un autre pays revient à présenter la note à nos voisins. Les disperser ne les empêchera pas de se regrouper. Les expulser vers leur pays d’origine est rarement possible parce qu’il n’est pas sûr qu’ils soient accueillis les bras ouverts, notamment en Érythrée ou en Syrie, et parce que beaucoup demandent le droit d’asile, lequel implique un examen juridique qui prend du temps. Que la décision résulte de considérations humanitaires ou du simple pragmatisme, elle devient nécessaire : il faut prévoir des infrastructures capables d’accueillir une immigration sauvage et croissante.
C’est d’autant plus vrai que le gouvernement n’envisage pas de se livrer à la répression pure contre des personnes qui ont été poussées vers nos rivages par le malheur. Les gros-bras de l’extrême droite applaudissent aux évacuations, mais ils ne nous disent jamais de quelle manière ils procèderaient pour se « débarrasser » de cette « encombrante » population, sinon en dénonçant les accords de Schengen et en laissant périr les migrants dans leurs rafiots en Méditerranée. Pas sûr, d’ailleurs, que cela suffirait à tarir le flot toujours plus abondant des clandestins.
Les attaques de l’extrême gauche.
En tout cas, pour le gouvernement de Manuel Valls, l’affaire prend une dimension politique qu’il ne doit pas négliger. Pour le moment, le Premier ministre s’est contenté d’appliquer la méthode Sarkozy. Il sait bien qu’elle consiste à repousser la recherche d’une solution durable. Même à droite, il y a des voix pour exiger plus d’humanité dans le traitement des immigrés. D’aucuns ne comprennent pas que nous ne soyons pas en mesure de trouver les ressources pour donner provisoirement une vie décente aux immigrés alors que des pays comme le Liban, la Jordanie et la Tunisie ont reçu et reçoivent des centaines de milliers de Syriens, d’Irakiens et de Libyens qui fuient la guerre.
Bien sûr, nous n’avons pas vraiment ces moyens, nous qui vivons tous à crédit. Bien sûr, un gouvernement a des responsabilités qui n’ont rien à voir avec l’émotion. Mais voilà qu’Olivier Besancenot dénonce l’instrumentalisation du problème par le pouvoir, alors que l’exécutif dénonce au contraire la provocation de groupes d’extrême gauche qui auraient organisé le regroupement des personnes évacuées de la porte de la Chapelle. Il s’agit donc d’une affaire qui va empoisonner un peu plus les rapports déjà tendus entre Manuel Valls et la gauche de la gauche. Elle mérite une réflexion au fond sur l’immigration et sur des mesures indispensables mais qui n’ont toujours pas été prises.
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