DANS UN PREMIER TEMPS, on mettra en cause le pouvoir insensé que s’arrogent les agences de notation. La dégradation de la note américaine au début du mois d’août par Standard and Poor’s avait soulevé la colère des États-Unis, dirigeants et opposition confondus. À plusieurs reprises, la création d’une agence internationale transparente et indépendante des institutions financières (ce qui n’est pas le cas actuellement) a été évoquée mais, avec la soudaineté et la violence de la crise, les agences ont déjà distribué des notes négatives qui ont largement augmenté les taux d’intérêt auxquels certains pays, comme la Grèce, l’Espagne (dégradée mardi) ou le Portugal sont contraints d’emprunter. Seuls les taux appliqués aux États-Unis sont restés stables, mais nous n’avons aucune chance de bénéficier de ce privilège.
Les agences font de la politique.
Dans un deuxième temps, le jugement de Moody’s traduit une évaluation que n’importe qui pouvait faire. À 1 600 milliards, la dette de la France représente 87 % de son produit intérieur brut et la marche vers la réduction des déficits publics est lente. Nous avons continué à emprunter l’an dernier et cette année ; nous devrons encore emprunter l’an prochain, quel que soit le gouvernement issu des élections de 2012. Si Moody’s a mis la France sous surveillance, c’est parce que le gouvernement a prévu un taux de croissance trop optimiste (1,75 % en 2011) qui ne sera pas atteint. Le ministre de l’Économie, François Baroin, a déclaré qu’il couperait encore dans les dépenses au cas où les recettes fiscales diminueraient. On croit à sa détermination. Mais il est sur une corde raide : il ne peut diminuer les prestations sociales sans porter atteinte au pouvoir d’achat et, si la consommation baisse, nous risquons d’être confrontés au cercle vicieux de la décroissance.
IL N’Y A PAS DE « RÊVE FRANÇAIS »
Il se peut que la présentation, par François Hollande, d’un programme dispendieux et l’impopularité de Nicolas Sarkozy, qui devrait logiquement se traduire par la victoire de la gauche l’année prochaine, aient conduit Moody’s à s’inquiéter de ce que ferait la gauche au pouvoir. En tout cas, la dégradation de la note française est à double tranchant : elle renforce l’analyse de l’opposition, qui dénonce le bilan négatif de M. Sarkozy et elle permet à l’UMP de tirer à boulets rouges sur les propositions de la gauche. Les élections de 2012 tourneront autour d’un débat unique : la situation délétère où nous aurait conduits la politique fiscale du chef de l’État, et « l’irresponsabilité » d’une gauche dirigée par un Hollande qui, dans la nuit de dimanche à lundi derniers, parlait de « réenchanter le rêve français ».
Aujourd’hui, il n’y a pas plus de rêve français que de rêve américain. Une forte fraction de l’opinion souhaite « se débarrasser de Sarkozy », mais il semble qu’il n’ait nullement l’intention de renoncer à un second mandat. Dès lors, la majorité actuelle va insister sur le désastre financier dans lequel nous plongerait une gauche revenue au pouvoir et qui serait obligée de tenir au moins une partie des ses promesses. Si le président Hollande embauche 60 000 enseignants supplémentaires, si, sous le prétexte de procéder à une nouvelle réforme des retraites, il abolit la précédente, si, en procédant à une réforme fiscale, il diminue les recettes de l’État, il sera lui aussi obligé d’emprunter des capitaux mais, cette fois, à des taux d’intérêt très élevés. La gauche peut augmenter les impôts des foyers les plus aisés, cela ne suffira pas à combler un budget plombé par de nouvelles dépenses.
Nous devrions être indifférents aux agences de notation parce que nous n’avons pas besoin d’elles pour mesurer notre impasse financière. Les critères de Maastricht ont défini depuis longtemps les équilibres fondamentaux et il aurait suffi de s’y conformer. Si notre problème est très aigu, c’est parce que, lorsque la crise a éclaté, nous étions déjà trop endettés et que nous pratiquions déjà le déficit budgétaire avec excès. Le moment est venu où l’emprunt n’est plus la solution. À la fois parce que nous avons trop emprunté et parce que les taux d’intérêt vont fatalement augmenter. L’État providence, c’est fini. Pour la gauche comme pour la droite.
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