ON RÊVE d’un gouvernement qui dirait : « Nous avons été incapables de trouver une solution satisfaisante pour les conducteurs, les usagers des transports et les piétons. Nous n’avons pas les moyens de lutter contre une couche de neige de 10 centimètres à Paris. La raison est que nous ne pouvons mobiliser en permanence des moyens que l’on n’utilise qu’une fois tous les vingt ans. La prochaine fois que la neige tombera, la même calamité se reproduira ». Certes, un gouvernement qui s’exprimerait ainsi, qui dirait la vérité pour une fois, risque de devoir compter ses jours. Qu’est-ce qui est préférable ? Que nos dirigeants choisissent la transparence ou qu’ils s’expriment comme l’ont fait le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre ?
« Aucune pagaille».
L’un a nié toute pagaille alors même que, dans leurs voitures, les automobilistes étaient immobilisés pour des heures et parfois pour la nuit tout entière. Dans une démonstration infantile, Brice Hortefeux a indiqué qu’il avait tenu une réunion à laquelle toutes les personnalités étaient arrivées sans encombre. Il est vrai, a-t-il ajouté, dans un effort désespéré en direction de l’honnêteté, qu’elles ne venaient pas de loin. L’autre se trouvait à Moscou et a mis en cause la météorologie nationale qui, pourtant, avait annoncé la neige. François Fillon, en pleine crise de mauvaise foi, a déclaré que les prévisions de la météo étaient insuffisantes, qu’elles ne contenaient aucune précision sur l’épaisseur de la couche de neige.
C’était non seulement la pagaille, mais la panique. Des hommes d’État en sont venus à chercher des boucs émissaires. Les médias s’en sont donné à cœur joie, en mettant en rapport les propos de MM. Hortefeux et Fillon et les images infiniment plus convaincantes du chaos. Par la suite, des spécialistes ne ne sont pas gênés pour démontrer que les budgets alloués au déneigement sont en constante réduction, y compris celui du salage, que nos équipements sont vétustes, que, dans son souci, par ailleurs louable, d’économiser sur les dépenses, l’État néglige de plus en plus certaines de ses obligations.
LA COMMUNICATION DU GOUVERNEMENT A ÉTÉ EXÉCRABLE
Il n’était pourtant pas difficile de montrer que, la neige étant tombée à partir de 14 heures, les blocages qu’elle a provoqués ont rendu impossible l’acheminement des chasse-neige ou des engins de salage. Le gouvernement, s’il avait été mieux inspiré, aurait pu au moins signaler des circonstances exceptionnelles. Il a préféré nier l’ampleur de la catastrophe, ce qui l’a ridiculisé pour longtemps et, après, il s’en est pris à la météo. Et pourquoi pas aux nuages ?
S’il en fallait une preuve supplémentaire, le harcèlement médiatique est devenu le levier de l’action gouvernementale. Il faut toujours répondre aux questions. Et il faut toujours donner une réponse positive et optimiste. De sorte que tout est politisé. On ne sait pas du tout comment un gouvernement de gauche aurait réagi aux chutes de neige. L’opposition s’est d’ailleurs bien gardée de revendiquer une compétence dans le domaine des précipitations ou d’offrir une alternative à ce qu’a fait le gouvernement ; c’est-à-dire à peu près rien, puisque ce sont les maires qui, en banlieue parisienne, ont ouvert des gymnases, ont porté secours aux naufragés de la route, ont obtenu des grandes sociétés qu’elles gardent leurs employés pour une nuit dans les bureaux.
Bonne occasion pour le pouvoir de se rappeler que la décentralisation a du bon, que les mesures financières qu’il prend au détriment des collectivités locales sont en train de déchirer le tissu social (des riverains sont allés spontanément secourir des conducteurs immobilisés) et que les maires, qu’il juge si dépensiers, sont extrêmement compétents quand les conditions de vie se dégradent subitement sous l’effet d’un incident inhabituel. On a vu un Premier ministre et un ministre de l’Intérieur qui se conduisaient comme des enfants (c’est pas moi, c’est la météo) et des maires qui ont pris le problème à bras-le-corps.
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