Du coup, le discours officiel a changé. Depuis le début de la semaine, il n’est plus question d’un délai qui nous aurait permis d’orienter vers le pouvoir d’achat les sommes qui devaient être consacrées aux économies. La marge de manœuvre des pouvoirs publics, qui souhaitaient accompagner la croissance tout en comprimant les dépenses, devient encore plus étroite. L’idée d’une pause dans la chasse aux dépenses n’était d’ailleurs pas bonne. Il est certes regrettable que la France soit rappelée à l’ordre par les institutions internationales. Ses dirigeants ont pensé un moment à imiter Matteo Renzi, le président du conseil italien, qui a décidé de ne pas abaisser le déficit budgétaire (de 3 % à 2,6 %) cette année et de distribuer 10 milliards d’euros à ses concitoyens pour relancer la consommation. Mais la France n’est pas l’Italie, elle est très en retard dans l’assainissement de ses comptes publics et le service de sa dette devient prohibitif.
Manuel Valls est en réalité confronté à une tâche à première vue insurmontable. Dans son discours de politique générale, il a fait des annonces qui ont un coût. De sorte que les 50 milliards que le gouverment propose d’économiser d’ici à la fin du quinquennat sont maintenant insuffisants, dès lors que toute nouvelle dépense dans un secteur donné ne peut être compensée que par une réduction de la dépense dans un autre secteur ; il ne songe pas, pour le moment, à réformer vraiment les retraites et l’essentiel de sa réforme portera sur l’assurance-maladie, dont on dit trop souvent qu’il est facile d’en rationaliser le fonctionnement, notamment à l’hôpital, alors que les économies progressives et modérées mises en œuvre ces dernières années ont mis les agents de santé en colère et ont rendu le système beaucoup moins performant.
À peine a-t-il ébauché un projet de simplification du mille-feuille administratif par la suppression d’une région sur deux et celle des conseils départementaux qu’il a fait face à une levée de boucliers chez les présidents de région, qui défendent la « proximité » avec leurs concitoyens, et dans son propre camp où la députée socialiste Karine Berger déclare que les départements sont utiles.
Tout pour l’action politique.
En réalité, il faut que la politique transcende la technique de gestion. On ne progressera pas si, au terme de débats profonds et longs, on décide, chaque fois, de ne pas faire ce qui était proposé. Peut-être faut-il admettre que le très lourd budget de la sécurité sociale ne doit pas être le seul pourvoyeur d’économies. Au titre de la collectivité nationale, nous dépensons bon an mal an 1 200 milliards d’euros. Pourquoi serait-il impossible d’économiser 50, ou même 75 milliards qui ne représenteraient que 4,17 ou 6,25% du total ? D’autres diront que des pourcentages de cet ordre représentent un effort colossal. Mais qui peut croire encore que nous avons le choix en la matière ?
Le taux de 58 % d’avis favorables recueilli par Manuel Valls dans le sondage d’opinion d’IFOP pour « le Journal du dimanche » (contre un affreux 18 % pour François Hollande), place le Premier ministre en position de force pour bousculer les résistances à des décisions douloureuses. Le problème n’est pas de convaincre Bruxelles, Berlin ou le Fonds monétaire international, mais d’adopter une méthode qui assure nos équilibres tout en favorisant la croissance. Il s’agit sans nul doute d’une quadrature du cercle. Mais nous avons passé près de deux ans à tergiverser. Ce n’est plus possible.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque