LE QUOTIDIEN – Les conditions de mise en recherche d’affectation des directeurs d’hôpital se précisent. Votre commentaire ?
PHILIPPE BLUA – C’est une adaptation de l’existant. Le texte rend plus confortable la procédure, à l’aide d’un accompagnement financier adapté. Actuellement, entre 12 et 15 directeurs sont mis en recherche d’affectation chaque année, sur un corps de 3 500 personnes. Récemment, une partie de l’équipe de direction du CHU de Caen a été concernée – la volonté, sans doute, de renouveler rapidement l’équipe après le départ du directeur général. Mis à part cet épiphénomène, la mise en recherche d’affectation est le plus souvent une démarche volontaire, par exemple liée à un projet de reconversion. C’est important de préserver des sas pour ceux qui sont en position d’attente. C’est pareil pour les médecins. Certains saturent et veulent passer à autre chose… Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de la mise en recherche d’affectation, sauf si cela devient une solution pour virer les gens. Nous restons donc vigilants.
Des directeurs d’hôpital craignent d’être pieds et poings liés avec leur ARS. Comment jugez-vous les nouvelles règles de nomination ?
Ça aurait pu être pire. Aujourd’hui, l’ARH [agence régionale de l’hospitalisation] et le conseil d’administration de l’hôpital donnent chacun leur avis, la CAPN [commission administrative paritaire nationale] fait des propositions, et le ministère de la Santé décide. Demain, l’avis de l’ARS sera prédominant, c’est vrai, mais je pense que les ARS veilleront à ne pas heurter le conseil de surveillance de l’hôpital par un choix auquel il serait hostile. Le lien de confiance est important pour gérer un hôpital. Le directeur doit être légitime localement pour pouvoir mener des évolutions douloureuses si besoin. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure. Et il ne faut pas oublier que le directeur a retrouvé une indépendance au niveau financier depuis la mise en place de la tarification à l’activité. D’où, sans doute, le souhait de donner plus de pouvoir aux ARS sur les nominations.
Et que penser de l’ouverture du corps des directeurs d’hôpital au privé ?
Ce n’est pas une concurrence dramatique, ni une menace directe. L’ouverture au privé est actée depuis 2005 pour les gros CHU. Elle n’a jamais été mise en place, à part à l’AP-HP. En tout état de cause, elle peut même avoir un mérite, en permettant les comparaisons. Cela pourra faire taire les critiques acerbes, et injustes, qui ciblent les directeurs d’hôpital.
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