› La santé en librairie
IL AURA FALLU dix ans de travail au Dr Pierre-Louis Laget, médecin généraliste devenu conservateur du patrimoine, et à l’architecte Claude Laroche pour achever cette somme de 600 pages, servie par une remarquable iconographie. L’ouvrage s’ouvre sur les riches hôtel-Dieu du moyen-âge, symboles de la charité chrétienne, mais aussi de l’opulence de leurs fondateurs, princes, évêques ou villes. Au XVIIe siècle au contraire, l’hôpital devient un lieu d’enfermement pour les pauvres et les déviants. Il faut attendre les années 1750 pour qu’il se « médicalise », avant de devenir, après la Révolution, le principal centre du progrès médical.
Inventer l’hôpital du XIXe siècle.
Détruit par un incendie en 1772, le vénérable Hôtel-Dieu de Paris va générer de nombreux projets de reconstruction qui nourriront une réflexion plus large sur la modernisation de tous les hôpitaux. Médecins, architectes, hygiénistes et ingénieurs rivaliseront de créativité pour inventer l’hôpital du XIXe siècle, et feront de Paris la capitale mondiale de la médecine hospitalière. Les auteurs du livre retracent, dans le détail, les évolutions architecturales et administratives de l’hôpital, dont une bonne partie de la réglementation actuelle, à l’image du devoir d’assistance ou du rôle des maires, procède encore directement de cette époque.
L’architecture pavillonnaire, entièrement tournée vers la lutte contre l’infection, triomphe après 1870, avant que l’hôpital bloc ne mette, dès 1930, un terme à ces véritables villes hospitalières. La place accordée dans l’ouvrage aux hôpitaux du XIXe et du début du XXe siècle est parfaitement logique, à l’image du nombre d’établissements construits à cette époque, mais comble aussi un vide dans la mesure où, contrairement aux hôpitaux plus anciens, ils n’avaient jamais fait l’objet d’une étude d’envergure. De plus, rappelle le Dr Laget, ces hôpitaux sont aujourd’hui les plus menacés de disparition, au nom d’impératifs médicaux, économiques ou tout simplement urbanistiques, les villes désirant réutiliser les immenses terrains sur lesquels ils furent édifiés.
Variété des théories hospitalières.
Si tous ces anciens hôpitaux ne méritent pas forcément d’être conservés, beaucoup se distinguent par leur qualité et leur originalité architecturale. Ces qualificatifs ne s’appliquent pas forcément aux hôpitaux construits après 1950, souvent désespérants de banalité. Les établissements les plus récents tentent, avec un succès variable, d’atténuer un peu cette monotonie, rançon de leur fonctionnalité, mais l’ère des somptueux hôpitaux d’autrefois fait de toutes façons partie du passé. Ce dernier mérite d’être redécouvert, certes pour lui-même, mais aussi parce que la variété des théories hospitalières qui se sont succédées au fil du temps rappelle que rien n’est jamais définitif ni figé.
Ce très beau livre invite au souvenir et à la prospective. Certes, la France n’a plus besoin d’autant d’hôpitaux qu’autrefois, et il est légitime d’en améliorer les performances, la technicité et le confort. Mais faut-il pour autant remplacer les établissements fermés par d’impersonnels quartiers d’habitations ou de commerces ? L’ouvrage montre que nombre d’anciens hôpitaux, ont pu, à l’issue de réaffectations et de rénovations innovantes, retrouver toute leur place dans le cœur des villes et y entamer une nouvelle vie, que ce soit dans le domaine sanitaire ou pour d’autres activités.
*« L’hôpital en France : histoire et architecture », Cahiers du Patrimoine n° 99, sous la direction de P. L. Laget et C. Laroche, Éditions Lieux Dits, Lyon, 44 euros.
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