VIEILLIT-ON à la campagne comme à la ville ? Comment les solidarités rurales affrontent-elles la dépendance, dans un milieu où les risques sanitaires sont plus marqués, et l’accès aux soins parfois ardu ? Pour répondre à ces questions, des chercheurs de l’INSERM, le Pr Jean-François Dartigues et la chargée de recherche Karine Pérès, soutenus par le groupe de complémentaire santé Agrica en association avec la MSA, ont lancé en 2007 l’étude AMI auprès de 1 002 retraités agricoles de plus de 65 ans en Gironde. La troisième vague de résultats vient d’être publiée. Les paradoxes sont criants.
Premier constat, les retraités agricoles sont plus vulnérables que les citadins. La prévalence des démences est de 13,1 % contre 8 % en population générale. Plus d’un rural sur 2 (56 %) est par ailleurs touché par une affection longue durée (ALD), déclarée par un médecin. Les maladies cardiovasculaires sont les plus courantes et concernent 36,5 % des retraités, en particulier l’hypertension artérielle sévère, les accidents vasculaires cérébraux, l’artériopathie chronique, l’insuffisance cardiaque ou la maladie coronarienne.
Un moindre tabagisme.
« Les personnes de notre étude sont plus fréquemment déclarées en ALD que la population citadine, exception faite pour le cancer, ce qui s’explique par un moindre tabagisme des ruraux », résume Karine Pérès. Quant à la perte d’autonomie, elle est favorisée par un faible niveau d’études selon Pr Jean-François Dartigues : 53 % de la population cible ne possède pas son certificat d’études primaires (contre 9 % pour les retraités urbains). Un handicap, alors que l’absence de formation intellectuelle multiplie par 2 le risque de subir des troubles neurodégénératifs et par 3 celui de présenter de multiples pathologies ou déficience.
Pourtant, les retraités agricoles se tiennent à distance du système de soins. Ils sont peu diagnostiqués : sur 130 personnes reconnues par les neurobiologistes de l’étude comme souffrant d’Alzheimer, seuls 22 % sont déclarés en ALD 15. Plus de la moitié des déments n’ont eu aucun recours à un médecin (contre 32 % en ville). Et ils ne sont que 16 % des déments et 3,5 % de la totalité des retraités agricoles à vivre en institution, taux minime par rapport aux 40 % des retraités urbains.
Là n’est pas le moindre paradoxe. Les retraités agricoles se déclarent satisfaits de leur vie à près de 80 % et 50 % se considèrent en bonne santé. À cette situation les chercheurs n’ont que des ébauches de réponse. Mais le rôle des solidarités traditionnelles leur semble une évidence. Environ 44 % des ruraux reçoivent la visite d’un proche tous les jours, 84 % toutes les semaines, et moins de 10 % déclarent souffrir de la solitude.
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