« AVEC LA POSSIBILITÉ d'une catastrophe climatique à l'horizon, nous ne pouvons nous permettre de reléguer dans le rôle de victimes les 3,4 milliards de femmes et de filles que compte le monde. Ne vaudrait-il pas mieux disposer de 3,4 milliards agents de changement ? » : Thoraya Ahmed Obaid, directrice du FNUAP, résume le message principal du rapport sur l’État de la population mondiale en 2009. À trois semaines du sommet de Copenhague sur le climat, le FNUAP apporte un éclairage inédit sur le sujet. Ce sont les pauvres, surtout dans les pays en développement, qui risquent d’avoir à affronter les pires effets d’un climat en voie de changement. Ce sont eux qui sont le plus exposés aux inondations, aux tempêtes et à la hausse du niveau des mers. Et, « parmi les pauvres, les femmes sont particulièrement vulnérables », insiste Thoraya Ahmed Obaid. Lors du tsunami de 2004, beaucoup de femmes ont péri parce qu'elles se trouvaient dans leur maison, ignorant la vague fatale ; elles se sont noyées, alourdies par leurs saris, ou tout simplement parce qu'elles n'avaient jamais appris à nager ou à grimper aux arbres. Premières à supporter le fardeau du changement climatique, elles peuvent toutefois jouer un rôle clé dans la lutte pour le réchauffement, à condition que leur autonomie soit assurée grâce à des politiques volontaristes.
Trois scénarios.
« Les liens entre population et changements climatiques sont complexes et indirects dans la plupart des cas, indique l’agence onusienne . Mais la nature de ces liens devient aujourd’hui suffisamment claire pour arriver aux recommandations du rapport : obtenir de tous les gouvernements un engagement plus ferme dans les domaines de la population et du développement, assurer l’accès à la santé reproductive et soutenir activement l’égalité des sexes. »
Selon les évaluations, la contribution de la croissance démographique à l’augmentation du volume des émissions serait comprise entre 40 et 60 %. Le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU a envisagé différents scénarios quant à l’évolution de la population. Le premier, à faible croissance, qui suppose un taux de fécondité de 1,54 très inférieur au taux de remplacement (2,1) et au taux mondial actuel (2,56), aboutit à un chiffre de 8 milliards d’individus d’ici à 2050. Il en résulterait de 1 à 2 milliards de tonnes d’émission de carbone de moins que dans le deuxième scénario, à croissance moyenne (taux de fécondité de 2,02) et selon lequel la Terre compterait 9 milliards d’habitants en 2050. Un taux de fécondité maintenu à 2,51, évaluation haute, aboutirait à plus de 10 milliards d’individus à l’horizon 2050.
La réduction du taux de fécondité envisagée dans le scénario à variation moyenne serait déjà, de l’avis des experts, « considérable ». Dans les pays les moins avancées, le taux d’utilisation des méthodes de contraception moderne était, en 2005, seulement de 24 % chez les femmes en âge de procréer.
Ni coercition ni contrôle.
Les rapporteurs suggèrent aux participants de la conférence de Copenhague de s’inspirer des conclusions de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire, qui, en 1994, avait marqué un tournant dans l’histoire de la population et du développement. Celles-ci, adoptées par 179 pays, affirmaient que si l’on « satisfait aux besoins en matière de planification familiale et de santé reproductive, en même temps qu’on assure les autres services de base en matière de santé et d’éducation, le chiffre de la population se stabiliserait de lui-même, sans qu’il soit besoin d’exercer une coercition ou un contrôle ». Accès universel à la santé reproductive, meilleure éducation des filles et égalité des sexes mais aussi accès universel à la planification familiale volontaire permettraient d’atteindre les objectifs de santé et de développement tout en contribuant au recul de la fécondité, ce qui aiderait du même coup à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces mesures valent pour le Sud comme pour le Nord. Le rapport souligne que les taux de grossesses non désirées sont actuellement plus élevés dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. En Europe, en Australie, au Canada, au Japon, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, 41 % en moyenne de toutes les grossesses ne sont pas désirées, alors que ce taux est de 35 % dans les pays en développement.
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