QUEL HOMME D’ÉTAT n’a pas dit que l’année 2009 devait être celle de la négociation entre Israël et la Palestine et qu’elle représentait une occasion à ne manquer sous un aucun prétexte ? La voici qui s’achève sans qu’aucune perspective sérieuse de paix ne soit apparue. On attendait beaucoup de Barack Obama mais il n’a même pas pu convaincre le gouvernement israélien de geler la colonisation. Il hésite à exercer des pressions sur Jérusalem parce qu’il est engagé dans plusieurs réformes qui se heurtent à la très vive résistance de l’opposition républicaine à laquelle il ne souhaite pas donner un autre os à ronger. Du coup, sa politique au Proche-Orient n’est pas très différente de celle de son prédécesseur en dépit de ses promesses et surtout de celles qu’il a faites au monde arabo-musulman dans son très fameux discours du Caire le 4 juin 2009.
Il fallait changer d’approche.
Ce serait pourtant trop simple d’attribuer la dangereuse apathie diplomatique au Proche-Orient à la seule impéritie américaine. La situation israélo-palestinienne n’est pas figée, elle évolue. Et les éléments récents ne sont pas moins importants que le classique affrontement qui oppose les deux peuples et qui n’a jamais été aussi violent. 2009 était-elle nécessairement l’année de la paix ? Au terme d’un scrutin comme toujours compliqué, les Israéliens ont mis le Likoud au pouvoir, écartant du même camp les chances de la paix. Car l’actuel Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a fait campagne sur le refus de geler la colonisation. Or c’est en janvier qu’a eu lieu l’élection et elle exigeait de la diplomatie américaine le changement complet de son approche du problème. L’administration Obama a traité le changement de majorité en Israël comme s’il n’avait pas eu lieu, comme si M. Netanyahou nourrissait les idées de Tzipi Livni (Kadima) qui a perdu l’élection d’un cheveu. Pour mieux expliciter ses convictions, le nouveau Premier ministre s’est associé à l’extrême droite (Mme Livni refusant de participer à un gouvernement qui ne voulait pas s’engager à fond en faveur d’un accord négocié avec Mahmoud Abbas).
LOIN D’ÊTRE L’ANNÉE DE LA DERNIÈRE CHANCE, 2009 N’AVAIT AUCUNE CHANCE D’ÊTRE CELLE DE LA PAIX
Là-dessus arrive le rapport Goldstone. La question porte moins sur les « crimes de guerre » d’Israël que sur l’ordre de priorité des affaires traitées par l’ONU. La bataille de Gaza (décembre-janvier) a fait environ 1 400 morts, dont la moitié au moins étaient des civils. Chacune des victimes innocentes est une sujet de détresse et de consternation. Mais, d’une part Israël ripostait, au terme de plusieurs années, à des bombardements palestiniens quotidiens sur la région de Sdérot ; d’autre part, le nombre de conflits de par le monde, Darfour, Birmanie, Sri-Lanka, Tchétchénie qui ont fait des dizaines ou des centaines de milliers de victimes est élevé. S’il y avait, au sein de l’ONU, dominée par des régimes qui n’ont aucune légitimité démocratique, un tant soit peu d’objectivité, le premier de ses rapports aurait dû être consacré au Sri-Lanka (au moins 100 000 civils tués par les troupes de leur propre pays). Israël a autorisé le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, à visiter Gaza après la bataille et il a librement exprimé sa colère. Que n’en a-t-il fait autant en Birmanie où le pouvoir n’a même pas l’excuse de la légitime défense ?
Ne pas insulter l’avenir.
Résultat : si Israël avait la moindre envie de négocier, il l’a perdue. Il ne risque pas d’ouvrir des pourparlers en situation de faiblesse diplomatique alors que, dans son dos, hurlent les dictateurs, Kadhafi, Chavez, Castro ou Ahmadinejad qui veulent moins la paix que la disparition de l’État hébreu. Il faut d’abord que l’ONU se décide à ne pas insulter l’avenir. Ses efforts pour faire d’un État démocratique, mais très menacé militairement par l’Iran, la Syrie, le Hamas et le Hezbollah, le paria des nations, vont à contre-courant de la paix.
Enfin, à supposer qu’Israël se décide un jour à négocier, avec qui peut-il le faire? La popularité de Mahmoud Abbas se situe à quelque 12 %. S’il est parvenu à apporter la croissance économique à la Cisjordanie où Israël commence à lever les barrages et à favoriser le développement économique, M. Abbas s’est montré incapable de passer un accord avec le Hamas. Sans doute est-il impossible d’amener les islamistes à résipiscence. Mais, dans ce cas, comment peut-il offrir des garanties de paix si le Hamas demeure décidé à attaquer Israël chaque fois qu’il le peut et par tous les moyens ?
Un seul éditorialiste de la grande presse française a osé écrire que, à Gaza, Israël faisait « le sale travail ». L’État hébreu y combat encore des terroristes islamistes qui ne se contenteraient même pas de conquérir le territoire qu’ils revendiquent mais tenteraient d’imposer leur point de vue au reste du monde arabe. Le reste de la presse nationale a dénoncé haut et fort les ravages de la guerre et a stigmatisé Israël. La même presse réclame souvent que les Israéliens et les Américains considèrent le Hamas comme un interlocuteur valable. Cette analyse, présentée comme la seule qui vaille, se heurte pourtant à un écueil de taille : le Hamas refuse obstinément de négocier avec Israël. Pour les censeurs de l’État juif, un mouvement terroriste qui cible systématiquement les civils israéliens vaut mieux qu’un gouvernement issu des urnes. C’est le peuple israélien qui, à tort ou à raison, a choisi M. Netanyahou. Certes Mme Livni et son programme (gel de la colonisation et négociation immédiate) aurait convenu à tout le monde. Mais seuls les Israéliens peuvent élire leur gouvernement.
Enfin, si on veut la paix à tout prix, pourquoi poser des préalables ? Pourquoi M. Obama ne renonce-t-il pas provisoirement au gel de la colonisation et n’encourage-t-il pas le Fatah et Israël à négocier ? Tout le monde sait, y compris le Fatah, qu’il y aura nécessairement des échanges de territoires, que des dizaines de milliers d’Israéliens resteront en Palestine, comme plus d’un million de Palestiniens vivent en Israël depuis 1948. La bonne diplomatie s’adresse à l’interlocuteur dont elle dispose, elle ne peut pas réver d’un autre. En revanche, croire qu’il suffit de dérouler le tapis rouge à un mouvement irréductible qui tire son prestige de la violence, n’est-ce pas complètement illusoire ?
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