LE PREMIER TOUR a apporté son cortège de triomphes et de défaites. Il indique un basculement du pays, situé traditionnellement à droite, vers la gauche, un besoin d’essayer un nouveau modèle et de donner au président Hollande, très populaire, une sorte de blanc-seing. Il a aussi écrasé les extrêmes. Non seulement les micropartis de l’extrême gauche, mais le Front de gauche, qui fait un score de moitié inférieur à celui de Jean-Luc Mélenchon, lequel a été éliminé dès le premier tour à Hénin-Beaumont par Marine Le Pen, qu’il croyait battre sur une terre qu’elle semble avoir conquise. Le premier tour a aussi écrasé le centre, en tout cas le MoDem, dont la figure de proue, François Bayrou, n’a pratiquement aucune chance de l’emporter au second tour. Il n’a pas permis au Front national de s’imposer comme un parti classique : on parlait de quelque 300 triangulaires au second tour, il n’y en aura que 32. Dans le meilleur des cas, le FN n’aura que trois députés à l’Assemblée nationale, ce qui est mieux qu’aucun, mais constituerait une première depuis 1986.
Les dangers de la proportionnelle.
Au moment où il est de plus en plus question, à droite comme à gauche, de revenir partiellement au scrutin proportionnel, on ne dira jamais assez qu’il est vénéneux. La proportionnelle est le système le plus juste, le plus démocratique, le plus égalitaire. Elle fait de tous les députés des représentants de la Nation et non du territoire où ils sont ancrés. Dans l’idéal, elle est parfaite. Dans la réalité, elle donne lieu automatiquement au régime des partis, aux combinaisons douteuses, à l’instabilité, à des alliances contre nature et à des renversements d’alliances. Elle rend le pays ingouvernable. Elle figure néanmoins au programme de François Hollande, qui souhaiterait même l’inscrire dans la Constitution. On est surpris de la générosité d’une initiative qui ne correspond même plus à l’intérêt de la gauche, maintenant que, à la faveur du scrutin majoritaire à deux tours, elle s’empare de la présidence de l’Assemblée et de la totalité du Parlement. Mais on n’y décèle pas l’intérêt général bien compris. La France n’en est plus à tenter de nouvelles expériences en appliquant les idées de M. Mélenchon ou de Mme Le Pen. Il lui faut, au contraire, un programme ferme, serré, capable de lancer le redressement économique et social.
Le scrutin de dimanche dernier a révélé quelques tragédies : le cas de François Bayrou est le plus grave. Il n’en finit pas de payer son erreur d’entre les deux tours de la présidentielle, quand il décidé de voter Hollande, ce que ses électeurs n’ont pas compris, qui l’ont lâché dans son fief des Pyrénées-Atlantiques, au profit de la candidate socialiste. Autant dire que le MoDem n’aura été qu’un (long) feu de paille qui achève de s’éteindre et met probablement un terme à la carrière de M. Bayrou.
PUISSANCE DU SCRUTIN MAJORITAIRE A DEUX TOURS
Sur un autre front, en Charente-Maritime, Ségolène Royal, bien qu’elle soit arrivée en tête, risque de ne pas être élue, le candidat UMP, l’ancien ministre Dominique Bussereau ayant encouragé ses ouailles à voter au second tour pour le dissident socialiste Olivier Falorni, qui a refusé de se désister. « Il ne faut pas mélanger les voix de gauche et les voix sarkozystes », a déclaré l’ancienne candidate à la présidence, qui voit s’estomper son espoir de présider l’Assemblée. Cri désespéré. Cette expression, « voix sarkozystes », n’a aucun sens : ce sont des voix UMP, pas celles de l’extrême droite, et M. Falorni ne s’y trompe pas qui les accueillera chaleureusement.
Il y a de grands perdants. Rama Yade, éliminée à Asnières. Le charme et l’indépendance ne remplacent pas l’enracinement dans une circonscription. Nadine Morano en ballottage défavorable à Toul. Des gagnants aussi : Gilbert Collard (FN), bouillant avocat, en ballottage favorable dans le Gard. François Pupponi, qui a obtenu plus de 50 % des voix à Sarcelles (bien qu’il ait quelques problèmes avec la justice) et qui devra quand même se présenter au second tour à cause d’une abstention record. Nathalie Kosciusko-Morizet, que l’on croyait en danger dans l’Essonne, mais qui est en ballottage favorable. L’inénarrable ancien ministre Georges Tron, en ballottage défavorable dans son bastion de Draveil (Essonne). Nicolas Dupont-Aignan, candidat acharné à la présidence, qui obtient plus de 48 %, en ballottage très favorable. Henri Guaino, arrivé en tête dans les Yvelines, sera élu, puisque le dissident Olivier Delaporte s’est désisté lundi.
Mais le sort des stars de la politique est moins important que le programme du gouvernement. Allez les électeurs, encore un tour. Et on se remet au travail.
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