Quand MG France demandait à Touraine de généraliser le tiers payant

Par
Publié le 30/07/2015
Article réservé aux abonnés

« MG France organise le refus du tiers payant généralisé ». C’était le le mot d’ordre lancé le 14 avril 2015 par le syndicat de généralistes libéraux, peu après l’adoption du projet de loi de santé à l’Assemblée nationale.

Deux ans plus tôt, son président tenait pourtant le discours... inverse. « J’ai demandé à Marisol Touraine de généraliser le tiers payant. À l’hôpital mais aussi chez le pharmacien, l’infirmière ou le kiné, les gens ne font plus l’avance. Il faut aussi supprimer l’argent chez les généralistes » déclarait le le Dr Claude Leicher, dans une interview au « Journal du Dimanche ».

Pour le médecin, qui avance des arguments, il s’agit d’un « vrai marqueur de gauche » : « De nombreux patients nous demandent de ne pas encaisser leur chèque avant la fin du mois ! Et puis ça va désengorger les urgences où certains se rendent pour y être soignés gratuitement. »

Oui au tiers payant, mais sous conditions

Que s’est-il passé entre temps ? Le syndicat a-t-il fait volte-face ? Pas totalement. Même s’il ne le dit plus haut et fort, le syndicat est toujours favorable au principe du tiers payant généralisé. Mais il estime que les conditions ne sont pas réunies pour garantir aux médecins d’être payés en temps et en heure. D’où son opposition. « La surcharge administrative est certaine (quatre vérifications avant toute démarche de tiers payant) et la garantie d’être payé n’existe pas » écrivait MG France en avril dernier.

Le syndicat a toujours plaidé pour un tiers payant non obligatoire. Son vice-président, le Dr François Wilthien, ne disait pas autre chose en décembre 2014 : « Ce qu’on demande c’est d’y avoir recours là où on est, avec les patients qui le nécessitent et à notre gré. » Pour le médecin, l’obstacle technique de la mise en œuvre du tiers payant n’est pas insurmontable. « Les solutions existent. Elles nécessitent un petit peu de rencontres entre toutes ces personnes là [la Sécu et les complémentaires, NDLR] et un tout petit peu d’investissement de leur part » pense le Dr Wilthien qui insiste sur la nécessité d’avoir un « système simple et efficace ». La déresponsabilisation des patients ? La fin de la médecine libérale ? La dévaloraisation de la profession ? Aucun des arguments avancés par les opposants à la généralisation du tiers payant ne tient la route selon lui.

La CSMF aussi

MG France n’est pas le seul syndicat à avoir accepté l’idée du tiers payant généralisé, avant de mener bataille contre le dispositif. La CSMF y a aussi cru. En septembre 2013, le Dr Michel Chassang, alors président de la confédération, ne s’y opposait pas frontalement. « Nous accepterons de rentrer dans des dispositifs de ce type si ça ne nous coûte pas d’argent [...] que ça ne nous complique pas la vie à telle point qu’on ne puisse pas avoir suffisamment de temps à consacrer à nos patients », expliquait à RTL le médecin qui alertait cependant sur les risques de « surconsommation de soins » et les difficultés techniques à surmonter pour mettre en œuvre le système.

Depuis, la CSMF a durci le ton. Le syndicat a refusé de participer aux groupes de travail sur la grande conférence de santé voulue par le gouvernement, tout comme le SML, la FMF et Le Bloc. À la différence de MG France. Le syndicat de Claude Leicher adopte visiblement une politique d’opposition moins systématique.


Source : lequotidiendumedecin.fr