LA MAJORITÉ mesure ainsi sa perte de crédibilité après moins de trois ans de gouvernance Sarkozy. L’opposition administre la preuve qu’elle n’apparaît pas à l’opinion comme la force d’alternance qu’elle a longtemps été dans le passé. L’étude, assez peu citée dans les médias, donne pourtant la dimension du désenchantement national. Lequel se manifeste surtout à l’égard du pouvoir central, les Français, selon le même sondage, faisant infiniment plus confiance à leurs élus locaux. Mais 55 % sont eurosceptiques, et 64 % ne font pas confiance au président de la République.
Dix ans d’absence.
Le succès apparent de la décentralisation (ou tout au moins des élus de proximité), tel qu’il apparaît dans l’étude, peut être interprété comme le signe avant-coureur d’une victoire de la gauche aux élections régionales de mars prochain. En revanche, si on peut logiquement prévoir l’usure d’une droite affaiblie par le pouvoir et par les erreurs de gestion qu’elle a commises, il ne semble pas que son recul se traduise par une plus forte adhésion à la gauche. Le scepticisme profond qu’inspirent les partis politiques traditionnels risque, comme par le passé, de se transformer en une adhésion momentanée aux extrêmes (et sans doute aux écologistes) ; il peut aussi accroître le pourcentage d’abstentions ; mais il laisse complètement ouvertes les perspectives de 2012, alors que la gauche n’a pas gouverné depuis 2002, c’est-à-dire qu’elle aura été absente du pouvoir central pendant une décennie.
Le manque d’enthousiasme de l’opinion pour l’alternance vient probablement du comportement actuel de la gauche, qui se contente de soumettre l’action gouvernementale à la critique systématique, même quand il n’y a pas lieu de critiquer, alors même qu’elle ne s’est pas encore rassemblée, que tout le monde ignore quelle forme prendra ce rassemblement et que ses divisions, encore vives, l’empêchent de proposer un programme de gouvernement. Les carences du PS ne doivent pas pour autant rassurer l’UMP, elle-même assez divisée et incertaine, consciente du mécontentement des Français toutes catégories politiques confondues, et menacée au niveau local. En réalité, le temps est compté. Si les Français admettent que Nicolas Sarkozy a réussi à leur éviter les plus graves conséquences de la crise économique et financière, le chômage les inquiète car il pèse sur l’avenir de tous. Quelles que soient les décisions et mesures, positives ou non, que le gouvernement sera amené à prendre dans les mois qui viennent, le sort de la majorité est très étroitement lié à l’évolution de l’économie et de l’emploi. Les prévisions n’annoncent pour cette année qu’une embellie insuffisante pour réduire le chômage, qui devrait progresser encore en 2010. M. Sarkozy et la droite joueront leur va-tout en 2011. Une baisse lente et progressive du nombre des sans-emplois ne sera pas considérée comme un succès par les Français, qui ont besoin de nourrir leur moral avec des nouvelles assez bonnes pour qu’ils puissent augmenter leur consommation.
La question fiscale.
L’analyse qui prévaut partout inclut ces terribles paramètres que sont les déficits et la dette. Nicolas Sarkozy jure qu’il n’augmentera pas les impôts, même s’il accroît la pression fiscale en catimini par le recours à des taxes nouvelles, par exemple sur l’assurance vie ou la taxe carbone, censée être neutre, mais qui rapportera, quand la loi sera conforme aux vux du Conseil constitutionnel, deux ou trois milliards d’euros. Tout le monde pense que, en ce qui concerne les impôts, le gouvernement recule pour mieux sauter. Le pire, pour la droite au pouvoir, serait de combattre la dette et les déficits l’année prochaine. Soit le gouvernement augmentera les impôts, avec un effet électoral désastreux ; soit il diminuera les dépenses de l’État, avec une réduction des services sociaux, également intolérables pour l’opinion.
UN REBOND DE L’ÉCONOMIE SERA BIEN PLUS DÉCISIF QU’UNE NOUVELLE GOUVERNANCE
Ce qui décrit le sondage SOFRES, ce n’est pas la litanie des craintes populaires, mais la lassitude des Français à l’égard du personnel politique. Il s’agit d’une étude qui place tous les partis au même niveau de médiocrité. Comme si Nicolas Sarkozy avait infligé à ses concitoyens une désillusion immense et comme s’il n’y avait, à gauche, aucun dirigeant assez neuf ou assez frais pour rallier une majorité derrière son panache. Les Français ne sont d’ailleurs pas d’une sévérité extrême à l’égard de leurs dirigeants politiques. Leur scepticisme ne vient pas d’une crise dont ils conviennent qu’elle a été à peu près contenue par le pouvoir en place, mais de réformes brouillonnes lancées parfois à la hâte, et avec le mépris du consensus. M. Sarkozy ne trouvera son salut qu’en réduisant la vitesse, en adoptant la sobriété verbale et gestuelle, en fignolant les réformes avant de les mettre sur le marché.
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