UN 21 AVRIL à l’envers. L’hypothèse se renforce si l’ascension de Marine Le Pen, candidate apparemment meilleure que son père, se poursuit. Un autre sondage devait être publié mardi qui mettrait en lice un autre candidat socialiste. Il serait surprenant qu’il ne confirme pas le basculement d’une partie de la droite vers l’extrême droite. L’enseignement de ces enquêtes est multiple. Elles montrent d’abord que, depuis fort longtemps, la droite est majoritaire en France et qu’elle ne peut être vaincue que par la division soigneusement entretenue par le Front national, avec un succès variable. M. Sarkozy et Mme Le Pen recueillent en effet à eux seuls 44 % des voix (le sondage de Harrris Interactive pour « le Parisien » de dimanche dernier accorde 7% des voix à Dominique de Villepin, soit un total de 51 % sans compter les centristes qui voteraient à droite au second tour).
Erreur de stratégie.
Même si le sondage comporte des biais, contre lesquels de nombreuses voix se sont élevées, il semble confirmer que, loin d’apporter des voix à l’UMP, la politique d’immigration et de sécurité du gouvernement lui en coûte. M. Sarkozy a choisi de parler de façon répétitive des questions soulevées par l’immigration clandestine, de légiférer dans ce domaine et d’ouvrir un débat sur l’islam de France qu’il a vite requalifié en débat sur la laïcité. Les électeurs, pour leur part, considèrent que la sévérité, apparente ou réelle, du pouvoir à l’égard de l’immigration clandestine ou de certaines pratiques religieuses comme les prières collectives dans la rue, ne sont pas efficaces. En 2007, les Français proches de l’extrême droite avaient cru que M. Sarkozy allait leur donner satisfaction tout en leur offrant un brevet de respectabilité. Cette année, en revanche, soit parce qu’on estime -un peu vite- que Marine Le Pen exprime des idées plus généreuses que son père, soit parce que M. Sarkozy a perdu sa crédibilité, les efforts du gouvernement pour rallier la population aux thèmes de la sécurité et de l’islam ne font qu’inciter une partie croissante de l’électorat à rejoindre les rangs du Front national.
À au moins deux reprises, nous avons suggéré dans ces colonnes que la stratégie adoptée par le président était d’autant moins efficace qu’elle rejetait les centristes vers la gauche. Ce n’est pas parce qu’une martingale a fonctionné une fois qu’elle fonctionnera la deuxième fois. La roue tourne, le temps passe et les arguments de « vente » doivent changer. Certes, M. Sarkozy s’efforce de se rapprocher de Dominique de Villepin et d’empêcher Hervé Morin ou Jean-Louis Borloo de présenter leur candidature. Mais il ne parviendra à convaincre les électeurs qui lui font défaut que s’il adopte un programme plus ouvert au centre (et pour autant qu’il ait le temps de le faire, car les mois sont comptés).
Large boulevard.
Le sondage confirme aussi, et quoi qu’en dise le Premier ministre, obligé de répéter, comme s’il cela n’allait plus de soi, que M. Sarkozy est le meilleur candidat de la droite, qu’il ne l’est plus en réalité et qu’il reste peu de temps pour changer de candidat. Que l’UMP est dans un désarroi croissant, alimenté par ses divisions internes et par ses choix de thèmes de campagne qui sont erronés. Que les électeurs de l’extrême droite ne cachent plus leur orientation politique, devenue soudainement respectable à cause des dangers divers qui pèsent sur la société française, du chômage à la peur de l’avenir, et des fallacieuses bonnes manières de Mme Le Pen. Que, contrairement à ce que croit la gauche, elle n’a de crédible que Dominique Strauss-Kahn, mais pas son programme dont la clarté se réduit chaque fois qu’il est exposé dans une nouvelle contribution. Que Dominique de Villepin, toujours décidé à se venger de Nicolas Sarkozy, en dépit des entretiens fréquents que celui-ci lui accorde, tient, avec ses 7 %, le glaive qui terrassera le président mais ouvrira aussi à la gauche un boulevard beaucoup plus large que la voie étroite tracée par la bataille des idées. Un Villepin qui enterrerait la droite pour dix ans ? C’est très possible. À défaut de la magistrature suprême, l’ancien Premier ministre se contentera peut-être d’avoir cette responsabilité historique.
VILLEPIN EST EN MESURE D’ENTERRER LA DROITE POUR DIX ANS
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